Réaliser un projet architectural original, de la conception des plans jusqu’à la construction sur le terrain ? Connu sous le nom du b‑Shack, voici le projet initié par un groupe d’étudiants en architecture de l’Université McGill. Ce nouveau pavillon qui devrait voir le jour en mai 2014 sur le campus MacDonald s’inspire d’une ruche pour l’élaboration de son design. Le visiteur pourra ainsi avoir le sentiment de ne pas être qu’un simple observateur, mais bien un réel acteur en ayant cette impression d’entrer dans une ruche, comme l’explique Étienne Sédillot, étudiant à la maitrise en architecture à McGill et membre de l’équipe du b‑Shack.
Une fois construit, le pavillon servira de quartier général pour les divers acteurs en apiculture de McGill. On y trouvera trois ruches en exposition et plusieurs activités d’éducation et de sensibilisation y seront organisées dans le but de « conscientiser la population quant à la réalité critique des abeilles qui souffrent du syndrome d’effondrement des ruches », dit Étienne. Le b‑Shack pourra accueillir environ 12 personnes assises.
L’équipe du b‑Shack est composée presque uniquement d’étudiants en architecture, mais aussi en ingénierie et urbanisme, avec la collaboration de Maria Mingallon, qui est une professeure-adjointe, ingénieure pour ARUP. Le projet est donc supervisé, mais demeure une initiative étudiante. C’est donc une bonne opportunité pour les étudiants de prendre en main un projet et de le mener à terme. « C’est un des [points] qui m’a attiré vers le projet ; c’est une des seules opportunités dans le curriculum de justement mener un projet à bout et de voir la réalisation bâtie », dit Étienne.
Le b‑Shack a été réalisé avec la collaboration du club d’apiculture de McGill. En entrevue avec Le Délit, Evan Henry, président du club d’apiculture de McGill se dit très content de la réalisation de ce nouveau pavillon sur le campus Macdonald. Il dit que le club d’apiculture avait grandement besoin d’un endroit pour ses activités, et qu’il est important d’avoir un lieu pour rassembler les gens autour de la problématique des abeilles.
Les plans du b‑Shack sont donc presque terminés, et il ne reste plus qu’à trouver le financement nécessaire pour bâtir le fameux pavillon. L’équipe du b‑Shack a par ailleurs lancé une campagne sur « Indiegogo » qui s’est terminée fin janvier et qui lui a permis d’amasser environ 2 000 dollars. « Ce n’est pas encore assez », constate Étienne. L’équipe tente de plusieurs façons de récolter l’argent nécessaire pour idéalement terminer la construction du b‑Shack en mai. Le fond de développement durable de McGill contribue aussi au financement du b‑Shack, et le FARMM (Facility for Research in Media and Mediation) versera aussi un montant à l’équipe.
Luce Hyver
Bzzzzz
« Un tiers de ce qu’on mange provient de la pollinisation des abeilles », dit Étienne. Il explique que les raisons qui expliquent la mort de tant d’abeilles ne sont toujours pas confirmées, mais qu’il demeure primordial de sensibiliser les gens sur ce problème.
Evan Henry, d’Apiculture McGill, explique que les abeilles sont nécessaires pour la productivité des champs d’agriculture, mais qu’en même temps, ce sont ces champs remplis de pesticides qui pourraient être à l’origine de l’augmentation du taux de mortalité des abeilles. De retour à leur ruche, les abeilles emmèneraient avec elles non seulement du nectar, mais aussi des produits toxiques qui les contamineraient. Les monocultures aussi peuvent être à la source de la disparition des abeilles, car elles sont plus vulnérables si un parasite s’attaque à la culture. Evan croit donc que le b‑Shack est nécessaire pour tenter de mobiliser les gens sur cet enjeu.
Reprendre son espace
Y a‑t-il beaucoup de projets menés par les étudiants à McGill ? « Les ressources sont là, je crois que c’est aussi beaucoup aux étudiants d’aller les chercher », constate Étienne Sédillot du b‑Shack. Chuck Adler, directeur du « campus and space planning » de McGill, dit pour sa part que la participation étudiante dans les projets de McGill sur le campus augmente de plus en plus d’année en année. Il reconnait toutefois que ce n’est pas facile d’avoir une idée, puis d’en faire une proposition, pour ensuite rencontrer les ressources pour finalement réaliser un projet. « Ça dépend de l’échelle du projet et de l’impact de ce projet […]. Pour avoir des ressources, on doit présenter des projets vraiment intéressants, car on [est en compétition] avec beaucoup d’autres gens qui réalisent d’autres projets [à McGill]. Les ressources sont plutôt réparties au cas par cas », souligne Chuck.
Si la réalisation concrète d’un projet étudiant comme le b‑Shack n’est peut-être pas largement répandue à McGill, elle n’est pas la seule. En effet, Émilie Langlois, Vincent Charles Allaire et Gabriel Damant-Sirois, étudiants à la maitrise en urbanisme à McGill, sont tous membres du nouveau groupe McGill Space Project (MSP). Ils expliquent en entrevue avec Le Délit que le but du MSP est de réaliser des installations temporaires, voire spontanées, ou permanentes sur le campus afin de se réapproprier l’espace.
Le fond de développement durable de McGill a approché la faculté d’urbanisme de McGill « car ils trouvaient qu’il n’y avait pas assez de projets qui étaient à vocation de développement durable par rapport à l’espace », explique Émilie. « Ils voulaient vraiment régler le problème des espaces morts, des non-lieux sur le campus », poursuit-elle.
Quelques projets sont présentement en développement : le musical chair, un concept de musique de rue pour réaliser des performances musicales ambulantes sur le campus, ainsi que la réappropriation et le réaménagement de la guérite inutilisée à l’entrée du portail Roddick sur la rue Sherbrooke. « Ça montre comment l’espace est sous-utilisé à McGill, parce que c’est l’entrée principale du campus, et il y a une guérite vide et abandonnée », constate Gabriel. « On entend souvent dire à McGill qu’il manque d’espace, mais ce qu’on réalise en fait c’est qu’il y a beaucoup d’espaces qui sont sous-utilisés. En ré-imaginant ces espaces-là, on pourrait vraiment agir sur l’esprit de communauté à McGill et faciliter les interactions sur le campus », dit Vincent.
Ce dernier explique que pour le moment, l’équipe est en recherche de financement et de gens intéressés à contribuer au projet. « Les gens qui utilisent l’espace tous les jours sont vraiment les meilleurs pour pouvoir aider le MSP », dit-il. Tous les étudiants intéressés de McGill sont donc les bienvenus à partager leurs idées et à s’impliquer au sein du MSP.
Parallèlement aux initiatives prises par les étudiants sur le campus, des professeurs viennent tout juste de démarrer le « Urban Lab », qui regroupe pour le moment des spécialistes et chercheurs travaillant sur des problématiques urbaines. Initié par Sarah Moser et Kevin Manaugh, deux nouveaux professeurs au département de géographie de McGill, le « lab » doit être vu comme un concept « parapluie qui organisera des conférences [sur les enjeux urbains] et qui pourra aider à trouver des fonds pour certains projets ». C’est ce qu’explique Sarah Moser en entrevue avec Le Délit. « Il y a beaucoup de gens à McGill qui travaillent sur des sujets reliés à la ville, et qui proviennent de différentes disciplines. Le but est de réunir tous ces spécialistes », dit Moser. Le groupe se concentrera sur les villes dans le monde en général, et pourrait éventuellement inclure des étudiants pour collaborer au projet.