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L’Afrique, une image faussée par les médias ?

Combattre les stéréotypes africains à l’aide de projets puissants et engagés.

Salomé Grouard

Le 4 février s’est tenue la conférence « Percevoir le succès : médias, contenu créatif et esthétique de la croissance » (Seeing success : Media, Content Creation and the Aesthetic of Growth). Il était question, cet après-midi-là, de découvrir une Afrique qui n’était pas montrée par les médias, qui défiait les stéréotypes et que le monde gagnerait à connaître. C’est ainsi que Djamilla Toure, Wilfried Fowo, Yann Jr. Kieffoloh et le Professeur Pius Adesanmi ont présenté leurs projets dans une ambiance détendue mais sérieuse.

Présentation des projets 

Djamilla Toure est une jeune étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) avec un projet en tête bien précis. Avec quatre autres jeunes femmes, elle a co-fondé SAYASPORA, une plateforme bilingue qui met en valeur le succès des femmes de la diaspora africaine. Par le biais d’interviews et d’articles, il est possible d’y découvrir les portraits de personnes inspirantes et motivantes pour la jeunesse africaine qui, comme Djamilla et ses collègues, ne se reconnaissaient pas dans la femme entreprenante prônée par les médias occidentaux.

Un second étudiant de l’UQÀM, Wilfried Fowo, a lui aussi créé son média web collaboratif : AfrokanLife​.com. Son objectif ? Inspirer et divertir les jeunes entrepreneurs et étudiants expatriés de Paris à Montréal. Sa plateforme propose de nombreux articles sur l’actualité afro dans des domaines variés — art, cinéma, cuisine, bien être ou encore mode. Cependant, au-delà du divertissement, ce magazine conseille aussi les jeunes sur l’entreprenariat et met en avant des projets ambitieux tel que SAYASPORA. 

Le troisième invité de la conférence était Yann Jr. Kieffoloh. À l’aide d’une bande-annonce, il est venu présenter sa série télévisée s’intitulant Orishas, the Hidden Pantheon. Les Orishas sont des êtres d’essence divine qui représentent les forces de la nature. Ils trouvent leurs origines en Afrique. Le but de cette série est d’éduquer le public à des croyances d’un continent dont il n’a pas connaissance. Ainsi, une nouvelle fois, la culture africaine est mise en avant et cela grâce à un projet innovant.

Enfin, le professeur Pius Adesanmi est le directeur de l’institut des Études Africaines à l’Université de Carleton. Ses dernières recherches se sont portées principalemc ent sur l’époque postcoloniale et les médias sociaux. Notamment, il s’intéresse aux répercussions des médias sur la diaspora africaine, sur la vision qu’a le monde de ce continent et sur l’évolution des mentalités à ce propos.

Salomé Grouard

Un but ambitieux 

Du portrait de ces quatre personnes ressort cette même envie de combattre les stéréotypes africains partagés par les médias occidentaux. Un des exemples cités était la crise d’Ebola : bien qu’elle ait réellement touché quatre pays africains, certains médias auraient relayé l’information de manière à ce qu’un amalgame soit possible entre les personnes d’origines africaines et les porteurs du virus. Ils rappellent cependant que ces derniers pourraient au contraire contribuer à donner une image réelle et positive de l’Afrique. Djamilla Toure, Wilfried Fowo, Yann Jr. Kieffoloh et le professeur Pius Adesanmi étaient tous en accord sur le rôle très important des expatriés dans ce processus : la preuve se retrouve dans leurs projets. Lorsque l’assistance leur demande de quelle manière ils comptent s’y prendre, ils répondent presque tous unanimement « en possédant notre histoire ». Ils cherchent à mettre en valeur l’histoire de leur Afrique, celle qu’ils connaissent, plutôt que celle diffusée par les médias occidentaux qui se la sont « appropriée ». Ils tiennent à nous rappeler que l’Afrique n’est pas qu’un continent de famines et de guerres, mais aussi d’amour et de joie. Ils terminèrent la conférence sur les avancées fulgurantes que connaît cette région du monde depuis quelques années. En effet, le taux d’urbanisation grimpe en flèche et les pays s’occupent mieux de leur population qu’à une certaine époque. Il est vrai qu’il y a quelques années, l’Afrique était vu comme un continent sans espoir. Cependant, aujourd’hui, beaucoup le considèrent comme le futur géant du 21e siècle, montrant à quel point le discours des quatre invités était justifié.


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