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De pollen et de plastique

Emi Honda donne un petit coup de pouce à la nature pour lui permettre de reprendre le contrôle d’un endroit en faisant fi des conventions humaines.

Si la marche du progrès a permis à l’humanité de s’installer dans des endroits de plus en plus reculés, elle a aussi écrasé Dame Nature en l’étouffant avec du béton et du bitume. Emi Honda, artiste canadienne d’origine japonaise, s’interroge sur le sort des endroits urbains laissés à eux-mêmes. L’exposition Wasted – Growing – Space, au Centre des arts actuels Skol, se veut une exploration de la manière dont l’organique pourrait reprendre le contrôle des rebuts humains à grande échelle. Le temps d’une installation sculpturale, la réalité de la construction humaine se voit envahie par une inexorable et exubérante nature.

Pour échafauder son installation, Honda a accumulé des objets de toutes sortes de provenances. C’est ainsi que l’authentique (des plantes qu’elle a fait pousser elle-même) côtoie le factice (tiges de plastique, conifères métalliques) dans un chaos jovial. Les objets (ou plutôt, les déchets) trouvés un peu partout dans la ville, abandonnés par leurs anciens propriétaires, ont droit à une deuxième existence. Par exemple, on peut remarquer un écran, toujours fonctionnel, caché dans l’amoncellement de feuilles mortes. Dans la salle annexe, un automate a été métamorphosé en une inénarrable créature poilue, grognant et grouillant si l’on appuie sur un bouton.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les matériaux familiers du domaine artistique (broche métallique, polystyrène et papier) contribuent à l’impression d’une oeuvre vivante. La structure métallique paraît croître pour atteindre le plafond et devient un réceptacle à pollen prêt à terrasser les allergiques. Le corridor de papier, menant à la pièce annexe de l’espace d’exposition, est tellement mince qu’il paraît s’envoler quand on s’aventure vers le petit jardin aperçu depuis l’orée de l’installation.

Avec ses couleurs vives, ses interventions ludiques et les petites pulsions de vie ici et là, le résultat final a quelque chose de ludique et d’invitant. Il suggère au visiteur de reconsidérer la place de la végétation dans l’espace autrement aseptisé de la ville. Malgré les éléments fictifs et fantastiques de l’installation, le dialogue mis en place par l’oeuvre a des retombées très réelles.

Dans un autre ordre d’idées, étant donné la nature multidisciplinaire du Centre Skol, la traditionnelle rencontre avec l’artiste sera abandonnée au profit d’une formule plus inusitée. C’est ainsi que les spectateurs auront l’occasion, le samedi 3 novembre prochain, de converser avec l’artiste, mais aussi d’assister à une prestation du groupe de musique composé de cette dernière et son complice, Jordan McKenzie.

Emi Honda Wasted – Growing – Space
Où : 372, Sainte-Catherine Ouest #314
Quand : Jusqu’au 10 novembre
Combien : Gratuit


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