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McGill leader du mouvement étudiant

Rompant avec son histoire désintéressée des questions sociales, McGill subit une occupation et ouvre le bal d’hiver de la lutte pour la gratuité scolaire. 

En tentant de se rendre à leurs bureaux situés au cinquième étage du Pavillon James de l’administration jeudi dernier vers 9h00, les directeurs seniors de l’université se sont retrouvés devant des portes barrées. Depuis 7h45 déjà, une dizaine d’étudiants mcgillois occupaient la place, soit le foyer principal du cinquième étage, et avaient bloqué l’accès en liant les portes depuis l’intérieur.

L’occupation revendiquée par le groupe Graspé dans le cadre de ses actions pour promouvoir et publiciser la gratuité scolaire s’est poursuivie jusqu’à midi, heure à laquelle les participants ont quitté volontairement les lieux.

« Nous avions prévu de ne rester que durant la matinée puisque nous étions seulement dix et que la raison de l’occupation était de promouvoir la gratuité scolaire et non d’entrer dans un rapport de force avec l’administration », a précisé Fred Burrill, membre de Graspé et coorganisateur de l’action. En effet, il revient au gouvernement du Québec et non aux universités de décréter la gratuité scolaire.

Histoire et gratuité

Première occupation étudiante à McGill depuis les luttes progressistes de la fin des années 1960, l’action de Graspé revendique, entre autres, la gratuité scolaire à tous les niveaux et un réinvestissement massif dans l’éducation postsecondaire, attendu que McGill et les autres universités québécoises sombrent dans un déficit de plus en plus profond.

Michael Freeman, coorganisateur de l’occupation, a exprimé le besoin de « prioriser l’éducation et d’y investir des sommes importantes au lieu de disperser ce même argent dans des baisses d’impôts, comme cela s’est vu l’an dernier ». Ce message a trouvé écho cette semaine à l’Assemblée nationale par la voix des partis d’opposition qui ont commenté le financement de l’éducation postsecondaire pour la première fois depuis les luttes étudiantes de l’automne dernier.

McGill et les autres

« C’est pour marquer la continuité avec les actions entreprises à l’automne au Québec que nous avons voulu débuter celles de l’hiver à McGill, avant le reste de la province », a expliqué Fred Burrill, soulignant que si Graspé ne prétend pas représenter tous les étudiants de McGill, il espère néanmoins pouvoir les sensibiliser à la question du financement de l’éducation et les inviter à prendre position en faveur de la gratuité scolaire et d’un réinvestissement du fédéral et du provincial dans les universités, réinvestissement aussi réclamé par la principale de McGill, Heather Munroe-Blum.

Graspé a choisi le cinquième étage du Pavillon James de l’administration pour l’occupation puisque « ce lieu était auparavant emblématique de la lutte pour l’augmentation des frais de scolarité menée par Munroe-Blum, et jeudi il est devenu, bien que brièvement, le porte-voix de la gratuité scolaire ».

Réactions

Anthony Masi et Morton Mendelson, vice-présidents de l’université, étaient furieux lorsqu’ils ont constaté que des étudiants bousculaient leur quotidien pour parler de politique. Selon Fred Burrill, ils ont réussi à s’introduire sur l’étage grâce à des portes dérobées à l’accès des occupants : « Au début, nous avons tenté de bloquer la porte arrière en constatant leur présence, mais Mendelson a introduit son épaule dans le cadre de porte et, comme nous ne voulions pas le blesser, nous les avons laissés entrer ».

Mendelson aurait poussé de manière cavalière hors de son chemin une étudiante se trouvant devant lui, en s’écriant : « Ne refaites plus jamais ça ! » Les occupants se sont ensuite assis dans le foyer principal du cinquième étage et ont entamé entre eux une discussion sur les enjeux du financement de l’éducation, à laquelle tous les administrateurs ont refusé de participer. « Certaines personnes passaient et nous regardaient, mais ils n’étaient pas intéressés à échanger avec nous, ce que j’ai trouvé dommage », a conclu Fred Burrill.

Les journalistes de La Presse et du Devoir se sont vu refuser l’accès aux lieux, l’administration prétextant qu’ils étaient interdits en raison d’un dégât d’eau au cinquième étage.


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