Alors que les étudiants de McGill croulent sous les examens de mi-session et angoissent quant à la possibilité de passer une autre Saint-Valentin seuls ou à la bibliothèque (voir notre cahier spécial Délice à ce sujet), d’autres s’activent pour faire bouger la vie du campus lors de l’Assemblée générale (AG) de l’Association étudiante de l’Université McGill (l’AÉUM). Malheureusement, c’est moins de 100 personnes ‑dont plus de la moitié provenant de la Faculté des Arts- qui se sont présentées hier à l’AG, un nombre insuffisant pour attendre le quorum. Retour sur quelques points clés de cette AG semestrielle, qui s’est encore une fois soldée par un échec.
Un nouveau quorum
Il faut maintenant 2% des membres de l’AÉUM – soit 374 étudiants ce semestre– pour que l’Assemblée générale puisse ratifier les motions présentées. En l’absence d’un tel taux de participation, le vote se déroule sur Internet dans les 48 heures suivant l’AG. Au moins 15% d’étudiants au premier cycle doivent se prononcer aux référendums en ligne afin qu’ils soient valides. Même si le nouveau quorum se veut plus « légitime démocratiquement », pour reprendre les propos de Jake Itzkowitz, président de l’AÉUM, dans sa lettre publiée au McGill Daily le jeudi 7 février dernier, il augmente de presque 300 le nombre de personnes requises pour que l’AG soit effective. Comme l’on connaît l’enthousiasme assez limité des Mcgillois pour ce genre d’événement, on serait en droit de s’attendre à ce que l’AÉUM se soit lancée depuis deux semaines dans une campagne de publicité massive. Pourtant, celle-ci s’est encore faite attendre.
L’AÉUM fait le minimum
Il est vrai que l’AÉUM s’est davantage investie cet hiver dans la promotion de l’Assemblée générale. Contrairement à l’automne dernier, où la promotion de l’AG avait été très médiocre, Jake Itzkowitz s’est vanté d’avoir mené une bonne campagne de publicité. Pourtant, il est clair que des efforts supplémentaires sont encore à faire avant qu’on atteigne le niveau d’énergie mis dans l’organisation de Frosh par les membres de l’exécutif. L’AG est l’événement le plus important de l’AÉUM, quoi qu’en pense l’exécutif actuel. Elle constitue un lieu de discussion et de prise de décisions politiques crucial pour la communauté étudiante. Qu’on cesse de croire qu’un simple passage dans les classes et quelques affiches ici et là sont suffisants pour annoncer l’AG : la population de McGill a une pente à remonter. On ne peut se limiter à annoncer l’événement. C’est toute une mentalité qu’il faut changer.
La préparation de l’AÉUM pour l’Assemblée générale elle-même laissait également à désirer. Les étudiants ont dû attendre 45 minutes avant qu’elle ne débute et plusieurs ont simplement décidé de rebrousser chemin. Encore une fois, le manque d’organisation qu’accuse ce retard est inacceptable.
Bien manger ?
Une des motions cruciales de l’AG concernait les services alimentaires administrés par les étudiants. Depuis la saga du Café d’architecture ‑qui est passé sous la tutelle des Services auxiliaires de l’université en début d’année–, les étudiants de McGill semblent se montrer de plus en plus préoccupés par la malbouffe offerte sur leur campus. Non seulement la qualité des produits pourrait être qualifiée de bas de gamme, avec une proportion considérable de nourriture rapide, mais il est presque impossible de manger pour moins de 5$. En réponse à cette situation déplorable, une motion devait être débattue en AG sur un boycott des services alimentaires corporatifs du campus les 27 et 28 mars prochain. Malheureusement, celle-ci n’a pas pu être votée en raison de l’absence de quorum. Tout laisse à croire qu’elle aurait passé haut la main puisque plus de 90 p. cent des étudiants présents se sont déclarés à main levée favorables à cette motion.
Enfin, c’est sûrement Laura Meimari qui est sortie la plus contente de l’AG hier. La dernière motion à l’agenda voulait qu’on lui chante « Bonne fête » pour ses 21 ans, ce qu’on fait les quelques étudiants présents. Comme quoi l’imbécilité est encore partie intégrante de l’Université McGill, ce lieu de la haute culture où les notions de « sphère sociale » et « sphère politique » ont perdu leurs distinctions respectives alors qu’elles constituent toutes leurs richesses.