Lors des Jeux olympiques de Beijing qui auront lieu en août prochain, les autorités chinoises chercheront à rappeler au monde entier que leur économie se porte extrêmement bien tout en essayant de nous convaincre qu’elles savent organiser des événements majeurs. Les observateurs internationaux ne doivent toutefois pas se laisser leurrer. Si l’économie se développe bien à un rythme effarant, on ne peut pas pour autant dire que tout tourne rond en Chine.
Les employeurs maltraitent généralement les travailleurs, et ce, tout particulièrement dans le secteur manufacturier, où ils sont employés par des sous-traitants locaux à la solde de multinationales occidentales. Longs quarts de travail, heures supplémentaires non rémunérées, travail sous pression, accidents fréquents, travailleurs peu ou pas informés de leurs droits, pauses inexistantes sauf lorsque des observateurs étrangers se pointent à l’usine, licenciements injustifiés… Souvent, les travailleurs doivent habiter près des usines, dans des logements insalubres et surpeuplés. (Si vous voulez en savoir plus sur les pratiques douteuses des employeurs occidentaux en Orient, je vous conseille fortement de consulter le livre No logo : La tyrannie des marques de Naomi Klein).
Évidemment, les compagnies qui usent de telles pratiques comprennent très bien que la situation actuelle ne saurait durer. Tout comme nous l’avons vécu ici, les travailleurs vont s’organiser et se battre pour leurs droits. Mais en attendant, elles font leur profit. Si tout vient à sauter, elles pourront toujours se déplacer vers un autre pays et ainsi garder leurs coûts de production au plus bas. Je vous épargne les détails de ce qui passe avec les travailleurs lorsque ces usines plient bagage… Ce n’est pas ce que j’appellerais une société très « durable » !
D’un autre côté, une économie en pleine croissance nécessite toujours de nouvelles sources d’énergie. La Chine, tout comme le Canada, peut se compter chanceuse à cet égard : elle possède un imposant réseau hydrographique qui crie « barrages ». Du moins c’est ce que les autorités tentent de faire croire aux millions d’habitants de villages déplacés par d’énormes projets de centrales hydroélectriques. Selon la BBC, le gouvernement compte relocaliser près de quatre millions de résidents pour le projet des Trois Gorges seulement.
D’énormes étendues de terres arables sont aujourd’hui inondées en permanence en amont de ce barrage, alors que les terres situées en aval ne reçoivent plus les sédiments fluviaux nécessaires à leur fertilisation. (Ça vous rappelle une polémique bien de chez nous?) Pour assurer la survie de leurs récoltes, les agriculteurs font alors appel à des fertilisants synthétiques qui ruissellent dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, contaminant une eau potable précieuse.
Dans les villes, la situation n’est guère plus réjouissante. Plusieurs Chinois portent des masques lorsqu’ils se promènent dans les rues pour se protéger de la pollution atmosphérique ! Si les cyclistes se plaignent là-bas de la pollution autant que les non-fumeurs se plaignent ici de la fumée de cigarette, les autorités chinoises interdiront peut-être un jour aux citoyens de circuler en voiture à moins de neuf kilomètres d’une grande ville. On peut toujours rêver !
En attendant, la santé des Chinois et l’environnement en prennent tout un coup. Tout ça parce que le gouvernement cherche à développer l’économie le plus vite possible et veut se positionner par rapport aux autres puissances mondiales… Il compromet le développement des générations futures en répondant aux besoins d’aujourd’hui. Ses actions entrent donc directement en contradiction avec l’idéal de développement durable.