Le Délit (L.D.): Comment perçois-tu ton livre ? Comment voudrais-tu le décrire ?
Stéphane Ranger (S.R.): […] (Il réfléchit.) Ça paraît en le lisant que ça vient d’un jeune auteur. Il y a beaucoup de préoccupations dans le paraître, le devenir. Ça met en scène, à travers une multiplicité de voix narratives et de situations, les efforts d’un jeune homme […] qui, dans sa recherche de l’accomplissement, vit des échecs. C’est surtout tourné vers les échecs, qui sont dépeints avec beaucoup d’autodérision. La voix narrative est réfractée à travers différents narrateurs qui finissent par… « s’autocasser », disons.
L.D.: Ton livre est un recueil de nouvelles. Est-ce que ça t’aide, plus que s’il avait été un roman, à explorer plusieurs voix narratives ?
S.R.: Oui. Je pense aussi qu’un écrivain a beau avoir de l’ambition, se lancer dans l’écriture d’un roman et même réussir à le publier, ça va être « poche ». C’est très rare qu’un écrivain publie un premier roman, pis que c’est bon. […] Moi, sans aucune prétention, j’ai commencé à écrire des nouvelles, j’ai trouvé qu’elles étaient de mieux en mieux, pis je les organisées en recueil.
L.D.: J’ai entendu ton livre être qualifié d’autofiction. Qu’est-ce que tu en penses ?
S.R.: […] Je n’ai pas de présupposés par rapport à ça. […] Cela dit, je suis d’accord avec beaucoup d’écrivains qui disent : « On écrit sur ce qu’on connaît et ce qu’on connaît le plus, c’est notre vie ». […] Il y a beaucoup de création dans ce que j’écris. Il y a ma vie, mais c’est toujours transformé. […]
L.D.: Comment as-tu vécu le processus d’édition ?
S.R.: […] Guillaume [Cloutier, directeur littéraire de Ta Mère] m’encourageait. Il me suggérait : « Coupe ce passage-là. Ça, c’est pas ‘tight’. Ici, c’est mal exprimé ». Ça a été super bien. […] À la base, […] je me disais que j’allais le faire pour moi. Mais là, « ayoye » ! Ça fait 100 pages en tout ! Ça tient debout. […] Je suis content de l’avoir fait. […]
L.D.: Est-ce que tu penses renouveler l’expérience ?
S.R.: Oui. Je leur ai dit que je travaillais à deux romans. Pis ils m’ont dit : « N’importe quand. Envoie-nous ça. Nous autres, on est prêts à continuer de travailler avec toi ».
L.D.: En terminant, dirais-tu que ton livre est un peu un exercice vers quelque chose de plus linéaire ?
S.R. Oui. J’en suis quand même fier, mais […] je m’en vais vers quelque chose d’autre. Il y a beaucoup de choses hard core, limites là-dedans. Des fois, c’est grave. Surtout au début, les premières nouvelles. […] Mais à la fin, il y a plus de réflexions. […] Je veux pas m’enligner dans la littérature de la déchéance pour la déchéance. Il y a des thèmes qui me sont chers, comme traiter avec les difficultés de la vie. Mais j’veux pas faire du Marie Laberge !
L.D.: Donc, on peut s’attendre à de l’espoir et du bonheur pour les prochains ?
S.R.: Oui, mais il y en a aussi là-dedans quand même…