C’est bien connu, toute Journée internationale qui se respecte vient avec son lot de gestes et d’actions symboliques. C’est ainsi que la journée sans voiture de lundi dernier a suivi un cours traditionnel. Le campus du centre-ville de McGill a été fermé à la circulation automobile de six heures à seize heures. Des dessins à la craie célébraient l’occasion sur les chaussées du campus. Les étudiants, certains couchés sur la rue, n’avaient plus rien à craindre, si ce n’est les freins mal ajustés de mon vélo. Le même jour, quarante vélos en libre-service ont été mis en circulation par la ville de Montréal pour un premier essai avant la mise en route du système en 2009. En fin d’après-midi, des vélocistes montréalais ont mimé la mort lors du traditionnel Die-in, au carré Dorchester.
Bref, dans cette surenchère de symboles, il convient de jeter un coup d’œil sur ce qui est fait pour améliorer les conditions de circulations des piétons et vélocistes. Croyant pouvoir trouver réponse à ma question, je me suis aventurée sur le site Internet de McGill, qui contient une page sur le transport alternatif s’inscrivant dans le mouvement Rethink (Repenser notre campus). Une liste d’initiatives attrayantes y figure.
Parmi elles, le projet de covoiturage Allégo, lancé en 2004 en collaboration avec l’Agence métropolitaine de transports. Le but était de réfléchir sur les améliorations à apporter afin de diminuer la demande en stationnements et d’encourager les gens à délaisser leur voiture dans leurs déplacements à partir et en direction du campus. À mon grand désarroi, la dernière mise à jour semblait remonter à 2006. En parcourant la page, je lis enfin un intitulé récent : « Été 2008 ». Hélas, il est suivi de ce texte édifiant : « Après un long hiatus, nous revoyons la proposition pour un partage de voitures, pour l’offrir aux détenteurs de permis uniquement. » Sans plus d’explications, le contenu du message brille par son hermétisme.
J’essaie alors d’aller trouver une copie du Plan directeur d’aménagement de l’université, qui doit contenir une section sur l’accessibilité dont le site vante le contenu. Je m’attends à enfin trouver une description de ces projets qui doivent « encourager une variété d’options de transports valables, incluant le transport en commun, la bicyclette, la marche et le partage de voiture. » Impossible d’en trouver un pdf. Seul un document, daté de 2005, est offert. J’en conclus que la transparence mcgilloise quant aux questions environnementales est toute relative et je m’indigne de ce que, de nos jours, une journée sans voiture ne suffit pas contre un site mal entretenu.
La seule à calmer ma frustration a été Kathleen Ng, agent de l’environnement de McGill. « Nous travaillons toujours sur l’amélioration des stationnements à vélo », me dit-elle, évoquant un projet sur la rue McTavish qui devrait comporter des douches pour les cyclistes. Quant au projet d’installer des stationnements verrouillés sur le campus, « les études montrent que les étudiants ne sont pas prêts à payer assez pour cela. » Interrogée sur la question des stationnements pour voiture, Madame Ng a admis que ce n’était pas une priorité étant donné le déficit.
Elle se réjouit cependant de ce que, d’après un sondage, uniquement 4 p. cent des usagers du campus y viennent seuls en voiture. Elle rappelle également la hausse des frais de stationnement opérée cette année. « L’argent sert à financer nos projets de développement durable », précise-t-elle. Madame Ng mentionne aussi les critères établis pour l’obtention d’un permis de stationnement, disant qu’auparavant, « certaines personnes habitant à cinq minutes de McGill voulaient un permis, ce qui n’avait aucun sens. »
Quant au covoiturage Allégo, il est bel et bien en suspens. « Ça a traîné, en effet, mais au moins cette année, ça reprend. » Comprendre la fin du hiatus ci-dessus est proche ! On devrait donc espérer que McGill adoptera un logiciel de jumelage similaire à celui de l’Agence métropolitaine de transports, permettant de localiser des personnes à proximité de chez soi qui peuvent partager leur voiture. Mais à en croire le ton hésitant de Madame Ng, ce n’est pas pour demain.
Bref, résumons. McGill pense beaucoup, fait des sondages, compte les voitures et n’a pas d’argent. Nous non plus. L’administration traîne la patte. L’environnement attendra.