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On roulera en BIXI

Depuis lundi dernier, Montréal accueille le projet-pilote du premier système de vélos en libre-service  d’Amérique du Nord. Quarante vélos répartis sur quatre stations mobiles sont mis à la disposition des citoyens par Stationnement de Montréal. Ce lancement préliminaire a pour but de familiariser les Montréalais à ce nouveau moyen de transport avant sa mise en circulation définitive au printemps prochain. Dans les semaines à venir, une escouade urbaine constituée de jeunes circulera dans les quartiers afin de faire connaître les vélos et de recueillir les commentaires des premiers utilisateurs.

Après une arrivée théâtrale à vélo à l’occasion du lancement du projet dimanche dernier, le maire Tremblay a révélé aux médias le nom sous lequel les vélos seront livrés au public : BIXI, une combinaison de bicyclette et de taxi. Depuis le mois d’août, les Montréalais ont été appelés à sélectionner en ligne leur préférée  entre cinq propositions finalistes, parmi lesquelles Bicyk, Villavélo ou encore Montvélo. L’auteur de l’appellation gagnante, M. Michel Gourdeau, s’est vu offrir un abonnement à vie à BIXI.

Conçue par le designer industriel Michel Dallaire, l’idée est inspirée d’initiatives déjà lancées en Europe, notamment à Paris avec le Vélib’. Le modèle montréalais entend pourtant se démarquer par sa fabrication. « BIXI est fait d’aluminium à 100 p. cent, il est à 100 p. cent recyclable, et les bornes de stationnement sont opérées à l’énergie solaire », a souligné le maire Tremblay. Le modèle n’aura donc qu’une empreinte environnementale limitée. Allant au devant des questions éventuelles que pourraient se poser les Montréalais, M. Tremblay a affirmé que « oui, nous prendront quelques places de stationnement », mais a tenu à les rassurer sur l’apparence des stations : « ce sera beau, très beau, faites-nous confiance. »

« Cette initiative fait partie de notre plan de transport Réinventer la ville », a rappelé M. Tremblay. Le plan de transport a été adopté en juin dernier. Il est l’aboutissement de nombre de consultations publiques et devrait poser les lignes directrices de l’évolution des transports à Montréal. Les vélos en libre-service s’inscrivent dans cette optique, dont le but est d’offrir une alternative abordable et efficace à la voiture et au taxi, un complément aux autres transports publics, tout en encourageant l’exercice physique. En cela, ils sont à la fois un transport collectif et actif.

André Lavallée, responsable du transport collectif au comité exécutif de Montréal, a pris la parole pour affirmer que, « plus qu’un vélo, c’est un projet mobilisateur, qui part de l’idée de renouveler la ville. » De fait, BIXI est conçu dans l’optique de changer les habitudes des citoyens. « C’est sûr qu’il y aura quelques problèmes à régler, a dit M. Lavallée, mais je suis convaincu que notre principal souci sera le succès. »

Il reste que Montréal est une ville où le déplacement à bicyclette est une pratique déjà répandue et, à cet égard, l’accueil de BIXI pourrait être mitigé. Cela n’inquiète guère le maire Tremblay, pour qui le projet consiste à « aller chercher les gens qui, comme [­lui], travaillent en costume, et à les encourager à prendre le métro puis le vélo pour se rendre à leur travail. » Le maire a admis ne pas espérer convertir les utilisateurs actuels d’un vélo à BIXI. L’objectif est d’attirer une tranche de la population que l’option d’un vélo pour de courts trajets pourrait encourager à laisser leur voiture derrière eux. La cible n’est donc pas uniquement les étudiants, mais aussi les professionnels, pour qui l’option du vélo pourrait être attirante en complément du métro.

Les vélos en libre-service sont faits pour un trajet typique de trente minutes. « Comme la première demi-heure est gratuite à chaque utilisation, je suis sûre que cela aura un grand succès », a souligné le maire.

MM. Tremblay et Lavallée ont également mis en avant le fait que l’entretien des appareils serait pris en charge par une entreprise d’économie sociale, ce qui devrait contribuer à la création d’emplois pour les jeunes.

La possibilité qu’un abonnement annuel de soixante-dix-huit dollars puisse être décourageante pour un étudiant n’inquiète nullement le maire, pour qui une moyenne de dix dollars par mois est un prix raisonnable. Cela dit, sachant que cela peut se doubler d’un abonnement STM pour ceux qui se déplacent en métro à partir de régions plus éloignées de l’île, la certitude du maire est relative. Notez que l’abonnement annuel au Vélib’ parisien est de vingt-neuf euros, soit uniquement quarante-quatre dollars.

Le lancement définitif de BIXI est prévu pour le printemps prochain. Les arrondissements de Rosemont-Petite-Patrie, du Plateau Mont-Royal et de Ville-Marie se partageront 300 stations et 2400 vélos. Le secteur de l’Université de Montréal dans Outremont et l’arrondissement Sud-Ouest compteront aussi quelques stations. Le service sera offert de la mi-avril à la mi-novembre et suspendu en hiver.  Cela a nécessité à Stationnement de Montréal un investissement de 15 millions de dollars.

En attendant l’accueil des Montréalais, le lancement de BIXI tombe à point nommé au moment de la journée sans voiture. L’initiative se place donc clairement sous le signe du combat contre l’automobile en ville.

Pour plus d’information, visitez www​.bixi​.ca.


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