Septembre 2008. Une foule se presse devant le Musée des beaux-arts de Montréal, venue pour entrevoir un peu d’Andy Warhol. On connaissait déjà la légende, les fameuses boîtes de conserves Campbell, la banane mythique de la couverture de l’album des Velvet Underground, mais on en savait bien peu sur l’homme lui-même. Qui est-il ? D’où a jailli l’inspiration de l’œuvre magistrale que nous lui attribuons aujourd’hui ? Pour ceux qui voudraient démystifier Warhol, une des grandes figures de l’art du vingtième siècle, c’est maintenant chose possible grâce au dévouement et à la recherche de l’équipe du Musée des beaux-arts.
Il est certain que l’art contemporain n’est pas facile d’approche. Beaucoup ont tendance à préférer la subtilité des jeux de lumières des peintres hollandais, ou ceux des impressionnistes du dix-neuvième siècle. Mais si vous gardez quelques réserves face à l’art moderne, vous pourriez bien être surpris. C’est avec plaisir qu’on découvre ou redécouvre cet icone de l’art visuel avec l’exposition Warhol Live, le tout sous un jour nouveau. À travers ses différentes sections, le visiteur se rappelle le rôle primordial que Warhol a joué dans l’univers de la Pop culture. Le musée, qui tente par cette nouvelle exposition d’attirer un public plus jeune, a sans aucun doute réussi sa mission !
On peut donc admirer à notre aise l’œuvre de Warhol, la couleur de son esprit, la grandeur d’une époque haute en transformations. Le dialogue constant entre art et musique, marque de commerce de l’artiste, est mis de l’avant de manière tout à fait inédite. Warhol Live met donc en relation les œuvres emblématiques de l’artiste, telles que ses portraits de célébrités comme Elvis, Liza Minnelli, Prince et Mick Jagger. Une collection de pochettes de disque illustrées par Warhol s’ajoute au lot, qui se parcourt comme une histoire de la musique populaire de la société américaine d’après-guerre.
En parallèle, l’exposition nous propose de découvrir l’homme derrière l’artiste, en nous présentant des détails plus personnels : des billets de concerts auxquels il a assisté, son agenda, quelques notes gribouillées de la main d’amis, des croquis d’enfants, les premiers balbutiements d’une âme d’artiste… C’est dans cette authenticité qu’on découvre vraiment l’ampleur de ce qu’il a pu amorcer au cours de sa vie. On entrevoit l’homme ordinaire au destin extraordinaire, celui qui s’est distingué de la masse et est lui-même devenu une rockstar comme les sujets de ses portraits. Avec Warhol Live, on se permet une intrusion dans l’univers Warhol. On ne se rend compte de la puissance remarquable de son œuvre que lorsqu’on est mis face à sa technique multidisciplinaire et au continuum que son esprit créateur a forgé entre la musique, le visuel et la culture pop.
Le Musée des beaux-arts réussit avec brio à redonner vie à cet artiste qui nous a quitté il y déjà plus de vingt ans. L’espace de quelques heures, on le croirait encore vivant. D’une salle à l’autre, on revit successivement les années 1950, 1960, l’apogée du studio 54 et les concerts des années 1970, tout le glamour qui a fait de Warhol un personnage notoire. Pour peu, on s’y croirait. Tout porte à croire que le Musée a maîtrisé de nouvelles technologies et s’est doté d’une machine à remonter le temps.