Il y a quelques années de cela, un chroniqueur au journal L’Intérêt des HEC faisait un tabac en écrivant sur des techniques de séduction permettant, selon ses dires, de faire des coups fumants dans les bars. Mais peut-être ne faisait-il que s’époumonner inutilement : malgré son nom plutôt “HEC-ien”, son journal n’offrait pas de bons taux, mais probablement plutôt des “tôt”, au sens précoce du terme.
La question de savoir comment fourrer la crème de la crème plutôt qu’une laie homogénéisée n’est certes pas un truisme. Il faut de la technique, et un plan de vol précis, si le pilote ne veut pas finir seul avec son levier. La solution : faire appel à un wingman. Le wingman assiste le commandant de bord dans sa mission. À quoi ressemble sa tâche ?
Le wingman doit assister le chef dans la mission de reconnaissance, et faire connaissance avec les proies potentielles. Une fois que la supériorité aérienne a été établie – c’est-à-dire qu’un bon contact avec la cible est entamé‑, le wingman doit raconter des histoires qui mettent en valeur le pilote. Il doit aussi s’assurer que les niveaux de carburant soient toujours suffisants. Au besoin, il procède à un réapprovisionnement en cours de vol. Jamais la mission ne doit se trouver au bar du gouffre ! Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à réévaluer le plan de vol.
Les cibles intéressantes sont souvent entourées d’un troupeau de cibles secondaires, souvent jalouses. Celles-ci chercheront à nuire au pilote dans sa mission : dans le jargon, on les nomme cockblockers. Le wingman doit rapidement larguer des bombes de reconnaissance sur les cockblockers, et flirter avec elles, afin de laisser la voie libre au pilote, et de jouer sur les sentiments de la cible : « Comment se fait-il que mon amie boutonneuse se fasse plus draguer que moi ? » Au besoin, le wingman doit se résoudre au sacrifice ultime : ramener une grosse chez lui. Ce genre de suicide commande un cercueil que l’on nomme, à juste titre, bière.
Au faîte de sa gloire, le commandant pourra se retrouver dans une ruelle, à sniffer de la poudre dans une craque de boule. Il devra prendre garde à la police : celle-ci pourrait littéralement le mettre à l’arrêt avant qu’il ne soit à la raie de sa cible. Dans ce cas, on dit que son avion a eu des ailes de poulet, de la sorte qui n’enfante pas de chicks.
Lorsqu’une mission s’est soldée par un succès, le commandant doit remercier son wingman. L’étiquette veut qu’il le récompense par de l’alcool, qu’il lui présente de nouvelles cibles rencontrées par l’entremise de la première, ou encore qu’il fasse le wingman à son tour.
Courage, messieurs ! Et si votre nouvelle flamme n’était qu’une torche, dites-vous toujours que vous pourrez la laisser se passer le flambeau.
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