Le « quétaine », ou « kétaine », est un concept bien québécois. Ceux d’entre vous qui se sont essayés à expliquer cette notion à leurs amis étrangers l’auront compris. Or, si la quétainerie est aisée à identifier lorsque l’on se trouve en sa présence, toute tentative de définition se heurte aux limites du langage. C’est pourquoi, par souci de simplification, on associera souvent le quétaine au « kitsch » et au « ringard ». Hélas, ce jeu d’analogie approximatif nous fait passer à côté de nuances essentielles. Car le quétaine, entité sémantique inclassable, est bien plus que cela.
La quétainerie s’applique à tout ce qui est affligé d’un goût douteux, qui frise le neuneu ou le cul-cul, et sent accessoirement la naphtaline. Il est par essence farouchement démodé (s’il fut jamais à la mode) et peut donc, par extension, se rapporter de près ou de loin à ce qui est folk. Les airs pleins d’un entrain pépère de Normand L’Amour, le tapis en faux léopard assorti au pantalon en spandex de votre coloc, la lampe à franges fluo de votre grand-mère, ou encore l’autruche empaillée qui trône dans le salon de l’oncle Robert, à côté du nain de jardin ; tout cela, c’est quétaine. Mais la quétainerie, c’est aussi une façon d’être, un univers de possibilités, et un puits sans fin de références culturelles.
Ce n’est donc guère un hasard que notre couverture de ce fait social tombe la semaine de la Saint-Valentin, summum du quétaine, quoique mainstream, commercial et assumé. Au sommaire de ce numéro, les pages centrales vous feront découvrir le monde de l’animateur radio MC Gilles, qui présente l’émission Va chercher le fusil les vendredis matins sur CISM. Vous pourrez également déguster en sirotant un Ricard une enquête exclusive sur la coupe Longueuil à Montréal. À cela s’ajoute une couverture sportive sans précédent dans nos pages, où figurent entre autres des courses de tracteurs. En culture, nous vous offrons un survol des éditions Harlequin, qui ont fait s’évader des générations de ménagères au gré des intrigues amoureuses les plus prévisibles. La quétainerie du country est ici remise en question. Celle de Laval, par contre, est proclamée. Le tout trouve son apogée dans un palmarès du quétaine.
Du quétaine amateur au quétaine confirmé, il n’y a qu’un pas : la passion. Le Délit vous enjoint à le faire.