24 septembre 2008 – Tarô ASÔ devient Premier Ministre du Japon pour le Parti libéral démocratique (PLD), le parti conservateur nippon. Quelques mois plus tard, les sondages montrent un taux d’insatisfaction de plus de 50% à son égard.
31 juillet 2009 – Asô commet un suicide politique : il déclenche des élections et reste à la tête de son parti.
30 août 2009 – Asô donne sa démission suite à l’échec total de son parti lors de ces élections historiques.
Élections historiques ? Certainement aussi importantes pour le Japon du point de vue politique que la victoire de Barack Obama pour les États-Unis. Pourquoi ? Depuis sa fondation en 1955, le PLD avait toujours été au pouvoir, à l’exception d’une période de onze mois entre 1993 et 1994 ; une coalition formée de quatre partis d’opposition et de quelques nouveaux partis dissidents du PLD avait alors temporairement pris le pouvoir. Lors des élections de 2009, le Parti démocrate du Japon (PDJ) a remporté pas moins de 308 sièges. C’est la première fois qu’un parti politique obtient plus de sièges que le PLD, et, de toute son histoire, le PLD lui-même n’a jamais remporté plus de 300 sièges. Le chef du PDJ, Yukio Hatoyama, a donc de quoi se réjouir.
À quoi pouvons-nous nous attendre avec ce nouveau gouvernement ? Sur le plan international, le PDJ souhaiterait que le Japon se distance des politiques américaines et se rapproche davantage de ses voisins asiatiques, notamment la Chine et la Corée. Tout le contraire du PLD, qui avait offert la participation du Japon à des missions de ravitaillement dans l’Océan Indien pour les troupes américaines en Afghanistan et qui avait mis à mal les relations diplomatiques avec ses voisins, plus particulièrement sous le règne de Jun’ichirô Koizumi (2001–2006). Il faudra donc observer de quelle façon les politiques internationales du Japon changeront réellement avec le PDJ.
Sur le plan local, nous pouvons nous attendre à de nombreux changements. Le PDJ étant un parti de centre-gauche sur l’échiquier japonais, il prévoit évidemment quelques réformes sociales. De nombreuses personnes s’attendent à du changement, que ce soit les homosexuels et les minorités qui souhaitent que leurs droits soient protégés, ou les chômeurs et travailleurs à temps partiel qui souhaitent désespérément voir arriver une reprise économique. Le faible taux de natalité au Japon est un autre problème majeur auquel les Japonais devront trouver une solution : bientôt un quart de la population japonaise aura plus de soixante-cinq ans.
Une de ces solutions serait l’établissement d’une aide financière pour chaque enfant en âge d’aller à l’école. Le parti souhaite aussi rendre l’éducation gratuite au niveau secondaire et plus accessible à l’université. Actuellement, le système d’éducation japonais coûte très cher aux familles et n’encourage pas ces dernières à avoir davantage d’enfants ; il ne permet pas non plus à tous les enfants d’aller dans de bonnes écoles. Le fait que les femmes n’aient pas accès à des congés de maternité est un autre facteur qui n’aide pas à compenser le vieillissement de la population et le faible taux de natalité. De toute évidence, bon nombre d’entre elles hésitent à quitter définitivement leur emploi pour se marier et fonder une famille, d’autant plus qu’il est très difficile de réintégrer le marché du travail ensuite. Enfin, il faut dire que les Japonais ne sont pas très à l’aise quand vient le temps d’aborder une personne du sexe opposé. Le PDJ y avait possiblement songé en proposant un changement de l’âge de la majorité, qui devrait passer de 20 à 18 ans. Quelques jeunes profiteront peut-être d’un petit verre pour faciliter de nouvelles rencontres…
Cette semaine, un fortune cookie pour Hatoyama : « Il est plus sage de changer beaucoup de choses qu’une seule. » – Francis Bacon