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Le Bâton

Les amants de la nuit au temps des feuilles mortes

Alors que l’automne et la rentrée arrivent, poussant la saison d’accouplement des frat boys sans inhibition à son paroxysme (comme on dit : « chaque guenille trouve son torchon »), je me propose de vous tracer les grandes lignes d’un automne mouvementé et musicalement aussi déraisonnable que la quantité d’adrénochrome ingérée par l’alter ego d’Hunter S. Thompson dans Fear and Loathing in Las Vegas.

Qu’arrivera-t-il donc cet automne, en plus de la demi-douzaine de nominations pour l’analgésique formation Beast et la soporifique Beurre de Pirate dans toutes les catégories « fond de basse-cour » de ce monde ?

Pop Montréal, de loin le plus attrayant festival musical du Canada, souffle une chandelle de plus sur son gâteau de fête et présente des noms à faire des jaloux chez toutes les têtes-blanches-en-cravate présidant des festivals à gros budgets. En effet, Pop ramène au lasso des légendes pour nerds telles que Teenage Jesus and the Jerks, The Homosexuals et Faust, des inespérés tels que Butthole Surfers, Human Eye et Os Mutantes, groupe psychédélique brésilien redonnant bon nom à la musique sud-américaine, trop souvent souillée par Ricky, J‑Lo, The Ketchup Song et par les hordes d’adeptes de voyages au Pérou ayant pour but de changer le monde en tissant des paniers d’osier.

Si rien n’est parvenu à vous guider vers l’un des millions de concerts extraordinaires qui ont été présentés cet été –que l’on pense à Career Suicide au Friendship Cove ou bien à Nouvelle Vague au Métropolis, spectacle qui a tant frustré les puristes et les chauvins des Francofolies– et que, conséquemment, vous n’en pouvez plus d’attendre Pop Montréal, question de vous mettre quelque chose de juteux sous la dent, j’ose espérer que vous vous êtes rabattu sur Motörhead au Métropolis le 3 septembre. La formation britannique, responsable d’un nombre élevé de problèmes de surdité chez ses fans (de façon factuelle), propose la même recette hard rock qu’elle cuisine depuis plus de trente ans.

Si vous n’avez aucune espèce d’idée de ce dont il s’agit, imaginez-vous un bar qui a pour nom « Bar » (rien de plus) et dont la clientèle, à forte majorité titulaire d’un phallus, sirote de grosses bières offrant un monde plein d’arrières-goûts. Vous voyez ? C’est ce qui constitue les trois quarts de l’assistance de Motörhead. Maintenant, dites-vous que Lemmy Kilmister, le chanteur du groupe et l’inimitable voix derrière des classiques tels que l’album The Ace of Spades et la chanson « R.A.M.O.N.E.S. », arbore une moustache en forme de guidon de vélo qui rejoint ses longs favoris. Vous voyez ça aussi ? Génial. Ce personnage constitue le protagoniste principal d’un show de Motörhead.

Comme si tout le tralala entourant la troupe en cuir ne suffisait pas, ils ont amené avec eux l’impossible à enivrer Reverend Horton Heat (sérieusement, faites des recherches sur ses anecdotes impliquant deux bouteilles de Jack Daniel) et les politiquement incorrects Nashville Pussy, dont les slogans varient entre « Keep on Fucking » et « Say Something Nasty ». La grande classe et l’altruiste savoir-vivre ont pris un congé sans solde ce soir-là… mais reviendront sans doute le 12 septembre pour le concert des fastidieux The Sounds, formation qui était aux toilettes lorsque l’originalité est passée.


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