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La pause culturelle

Dieu, le monde anglophone et les dissertations

À chaque vague de travaux de session, c’est inévitable : je suis happée par la nostalgie du cégep. Ne me jugez pas de suite, lecteurs sans pitié. Non, je ne suis pas de ceux qui ont passé ces deux années d’études pré-universitaires à vider les bars de Grande-Allée à chaque soir ‑si vous ne l’aviez pas encore déduit par vous-mêmes, j’ai obtenu mon DEC à Québec. Et non, encore une fois, si je m’ennuie parfois du cégep, ce n’est pas pour avoir passé deux années complètes à ne rien foutre d’autre que me rouler des pétards en écoutant du Pink Floyd. J’essaie ‑hum, hum- d’être une bonne étudiante, tenez-vous le pour dit.

Une fois mon diplôme collégial obtenu d’un cégep anglophone, mon fort désir du paradoxe m’a poussée à faire mes études en lettres françaises à McGill. Hé oui. Si vous trouvez une explication logique à fournir, faites-moi en part. Je ne vais pas radoter sur le choc des passages cégep/université ou Québec/Montréal ; ça fait trois ans. On s’en remet.

Je regrette une chose néanmoins : ne plus avoir à écrire des dissertations en anglais. Parce que vraiment, depuis que je suis à l’université, j’ai perdu tout plaisir à écrire mes dissertations. À juste preuve, je ne dis plus que je compose ou que je rédige mes travaux de session ; j’emploie plutôt le mot vulgaire, incorrect, très laid mais tout à fait juste, « bullshiter ». Vous me féliciterez pour mon raffinement plus tard.

L’étude des lettres est tellement plus agréable du côté anglophone que du côté francophone, du moins quand vient le temps des dissertations ! Surtout dans le choix d’un sujet. Vous ne savez pas sur quoi écrire ? Vous n’avez qu’à parler de Dieu ! Le monde anglophone adore Dieu ! Et pour mieux vous aider, Dieu s’utilise à toutes les sauces. Ne reste qu’à badigeonner.

Je vous rassure toutefois, je n’aime pas tellement Dieu. Il devient fatigant à la longue. Pas moyen de visiter un musée en Italie sans lui voir la face dans toutes les salles. Même pas foutu d’avoir un débat de société sans que quelqu’un le ressorte. Vraiment, Dieu m’énerve plus souvent qu’autrement. Mais bon, dans les dissertations, c’était mon meilleur chum. On ne renie pas un « ami » à moins de s’appeler Judas.

Je vous le jure sur sa tête : Dieu me facilitait la vie plus que quiconque et ce, sans même que j’aie recours à la prière. Que ce soit en histoire de l’art ou en littérature anglaise, ne suffisait que de baser une analyse de texte sur lui pour gagner son ciel. J’irais même jusqu’à affirmer que tout travail dont le titre comporte les mots « Depictions of God in…» se voit attribuer une note supérieure à 80 %. Je vous laisse tenter l’expérience.

Malheureusement pour moi, les lettres françaises ne sont pas aussi fanas de Dieu, ce qui me cause évidemment beaucoup d’anxiété quand je recherche des sujets de dissertation. Dieu et le cégep me manquent. Et après tout, peut-être un peu aussi les salaces tournées des bars de Grande-Allée. C’était toujours bien mieux que passer des nuits à trouver un sujet de dissertation.


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