Lors d’une cérémonie privée, le président Bill Clinton est venu rejoindre les rangs de récipiendaires d’un doctorat honorifique de l’Université McGill. C’est en l’honneur de ce « leader mondial et défenseur des droits de l’homme » que l’Université lui décerne le diplôme, a débuté la professeur Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de l’Université McGill. L’éloge au président américain a été marquée par la déclaration de Mme Munroe- Blum indiquant que Bill Clinton est « un philanthrope qui s’est un jour retrouvé président ».
Aux côtés de Roosevelt
Quarante-deuxième président des États-Unis et fondateur de la Fondation William J. Clinton, Bill Clinton est l’une des rares « personnalités qui incarnent aussi parfaitement […] l’image du chef de file mondial », a déclaré Mme Heather Munroe-Blum. « Tout au long de sa présidence et des années qui l’ont suivie, le président Clinton a témoigné d’un engagement indéfectible en faveur de la justice sociale dans le monde. L’ascendant exemplaire qu’il exerce est pour nous une véritable source d’inspiration et une incitation à nous surpasser. C’est un honneur de pouvoir reconnaître officiellement ses immenses contributions », a poursuivi Mme Munroe-Blum.
C’est la deuxième fois que l’Université McGill honore un président américain. En 1944, en plein conflit mondial, Franklin D. Roosevelt, trente-deuxième président des États-Unis, et Winston Churchill, premier ministre britannique, reçurent un doctorat honorifique en parallèle de la Conférence de Québec.
Une amitié déclarée
La cérémonie s’est déroulée dans la plus grande tradition mcgilloise. Le cortège d’honneur et la cornemuse à sa tête ont donné un ton solennel à cet événement historique pour l’Université alors que les hymnes nationaux canadiens et américains ont résonné dans la salle et dans les coeurs. Le professeur Anthony C. Masi, viceprincipal exécutif de l’Université, a confirmé la remise du diplôme au nom du Sénat de l’Université.
C’est ensuite le chancelier H. Arnold Steinberg qui a invité le « Dr. Clinton » à adresser son discours, provoquant le rire et les applaudissements du public. L’ex-président démocrate a tout d’abord voulu ajouter à la longue liste de ses faits et mérites énumérés par Mme Munroe-Blum qu’il a « été le président américain qui est venu le plus de fois en visite au Canada », lui valant les applaudissements de la salle. M. Clinton a déclaré son amitié envers le Canada. Il a ensuite dressé plusieurs parallèles entre les deux pays, parmi lesquels il a cité « les cowboys américains et canadiens, les vastes prairies et l’importance de l’individualisme ». Mais il considère qu’il y a un communautarisme au Canada qu’il n’y a pas aux États-Unis. « Le communautarisme n’est pas une notion de gauche ou de droite, ça veut simplement dire que nous sommes tous interdépendants les uns les autres », a‑t-il indiqué.
Lutte contre la faim
Parmi les nombreux sujets abordés dans son allocution, Bill Clinton a parlé de la crise alimentaire mondiale, véritable fléau pour plus d’un milliard d’êtres humains, selon le dernier rapport des Nations Unies. M. Clinton a saisi l’occasion pour discuter du problème de la faim, rappelant que c’était la Journée mondiale de l’alimentation. Le même jour, sa femme, la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, martelait que « la sécurité alimentaire est liée à la sécurité tout court. La faim chronique met en danger les individus, les gouvernements, les sociétés et les frontières nationales ».
Bill Clinton a partagé quelques unes de ses expériences sur le terrain, notamment en Indonésie après le tsunami de 2004, au Rwanda ou bien en Haïti en tant qu’envoyé spécial de l’ONU. Il a finalement appelé à une « conscience mondiale » afin de faire face aux défis du XXIe siècle. « Nous ne pouvons pas les surmonter à moins de les affronter ensemble », a‑t-il plaidé.
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NDLR : Une personne sur dix souffre de malnutrition dans le monde. D’après le dernier rapport de l’ONU, la planète a vu le nombre de mal-nourris augmenter de 200 millions en deux ans. Lors du sommet du G8 à l’Aquila, en Italie, les principaux pays industrialisés se sont engagés à débourser plus de 22 milliards de dollars au cours des trois prochaines années pour la promotion de la croissance économique fondée sur l’agriculture. Le Canada portera son aide au développement à hauteur de 0,70 % de son PNB cette année.