Plusieurs sont d’avis que la diversité des régions du Québec devrait transparaitre dans les politiques québécoises et en particulier en ce qui concerne l’éducation. La commission scolaire Pierre-Neveu (CSPN), par exemple, se distingue nettement d’une commission scolaire montréalaise et doit pouvoir bénéficier de politiques adaptées à sa région. Cette institution doit composer avec dix-neuf municipalités, gérer sept écoles, qui ont chacune plusieurs pavillons, et trouver des solutions à des défis de taille qui sont propres à la région des Hautes-Laurentides. La présidente de la CSPN, Martine Loignon, a partagé avec Le Délit les particularités de l’éducation dans sa région.
Nombre d’élèves en chute libre
C’est dans les Hautes-Laurentides et plus précisément dans la Municipalité régionale de comté (MRC) d’Antoine-Labelle que se situe la CSPN. L’économie de cette région se base principalement sur la mono-industrie du secteur forestier. Malheureusement, depuis quelques années, la crise forestière a causé la fermeture de quelques usines de transformation du bois ; conséquemment, de nombreux travailleurs ont perdu leur emploi et le travail est rare dans la région. Cette situation entraîne plusieurs conséquences importantes au niveau de l’éducation. En effet, Mme Loignon fait remarquer « qu’il y a un manque d’élèves à tous les niveaux. Les gens quittent la région parce qu’il n’y a plus d’emploi pour eux. »
La présidente de la commission scolaire souligne aussi que « le nombre de naissances a diminué depuis les dernières années ». C’est un des principaux problèmes de la CSPN : « Dès l’année prochaine, nous aurons 200 élèves de moins dans nos écoles et [la tendance est] similaire pour toutes les années à venir », remarque Mme Loignon. Bref, la population étudiante est sans cesse en décroissance dans la MRC d’Antoine-Labelle, et cette diminution démographique pourrait venir compliquer le financement des petites écoles qui ont peu d’élèves : « Le ministère finance à 90% la commission scolaire. Plus le nombre d’élèves est élevé, plus le financement est grand », explique Mme Loignon. La commission scolaire n’a d’autre choix que de réorganiser son budget, puisqu’elle doit entretenir le même nombre d’établissements et financer les mêmes projets, mais avec moins de subventions de la part du gouvernement.
Un taux de décrochage effarant
Le décrochage scolaire est également problématique dans la cette MRC. En effet, comme l’indique Mme Loignon, « seulement un garçon sur trois et deux filles sur cinq arrivent à compléter leur formation secondaire en cinq ans ». Cependant, les deux écoles de formation des adultes situées à Mont- Laurier et Rivière-Rouge ont des taux d’accès au diplôme supérieurs à ceux des autres régions. Martine Loignon nous explique cet élément statistique par le fait qu’un grand nombre d’élèves entrent à la maternelle avec un certain retard, surtout au niveau de la lecture, la culture du livre étant peu présente chez eux. Ce retard, les jeunes n’arriveront pas à le rattraper avant leur entrée au secondaire. La plupart se retrouvent donc avec des difficultés d’apprentissage. De plus, l’éducation n’est pas valorisée par toutes les familles de la région, ce qui complique la tâche de donner envie aux jeunes de poursuivre leurs études.
Afin de régler ce problème, la commission scolaire travaille de concert avec divers organismes comme la Fondation Chagnon et Québec Enfants afin d’encourager la persévérance scolaire. Mme Loignon souligne également que « le Partenaire en réussite éducative des Laurentides (PREL) encourage la CSPN à continuer [son] bon travail puisqu’elle est la plus avancée dans ses démarches pour contrer le décrochage dans les Laurentides. » De nouveaux programmes de formation professionnelle –on offre déjà des cours dans sept domaines différents dans la région– sont également en développement. Par exemple, un cours en aéronautique est sur le point de commencer à Mont-Laurier. C’est une initiative très positive pour la région, puisque cela incite les compagnies étrangères à venir s’y établir, étant assurées de trouver des employés qualifiés. Martine Loignon souligne avec fierté que cette initiative de la commission scolaire permettra de motiver de nombreux jeunes à fréquenter l’école, puisqu’ils auront une perspective d’avenir concrète.
Mais la lutte pour stimuler l’économie régionale –et pour motiver les étudiants à poursuivre leur formation– est loin d’être terminée : « Les leaders politiques locaux, ainsi que la communauté, doivent se retrousser les manches et s’unifier afin de trouver un axe de développement durable pour la région », nous rappelle Mme Loignon. Car tout cela, c’est à la base de l’éducation !