Quand on vit à Malartic en Abitibi-Témiscamingue, à Chibougamau dans le Nord du Québec ou à Paspébiac en Gaspésie, et que l’on souhaite poursuivre des études universitaires spécialisées, peu d’options s’offrent à nous dans notre région d’origine. Ainsi, ils sont plusieurs milliers de jeunes à quitter chaque année leur région natale, attirés par le puissant magnétisme de l’aimant montréalais. Avec ses douze cégeps et ses quatre grandes universités, il ne fait nul doute que plusieurs étudiants de milieux ruraux trouveront chaussure à leur pied dans le réseau d’enseignement post-secondaire de l’île.
Si plusieurs trouvent à Montréal le programme académique qui leur sied, la transition ne se fait malheureusement pas toujours facilement entre la région et la grande ville. « Durant les premiers mois, ou premières années pour certains, l’ennui et la déprime sont le lot de bien des nouveaux migrants » explique Darvida Conseil dans une étude sur les migrations interrégionales réalisée pour le compte du Forum jeunesse de l’île de Montréal (FJIM). En effet, poursuit Mme Conseil, bon nombre d’arrivants subissent une perte de repères et d’identité à leur arrivée, alors qu’ils sont confrontés à une réalité bien différente de celle à laquelle ils étaient habitués : « le choc de la langue (présence de l’anglais), la vitesse de la ville, le multiculturalisme, la pauvreté, la vitesse du rythme de vie, etc. » Les difficultés d’adaptation sont d’autant plus amplifiées que les jeunes se retrouvent souvent isolés des parents, amis et voisins qui composaient leur réseau de support habituel.
À McGill, on estime que 453 jeunes des régions rurales du Québec ont été admis à un programme d’études en 2009, bien qu’il soit difficile d’obtenir un chiffre exact –la statistique exclut les étudiants aux cycles supérieurs et à la Faculté d’éducation permanente, mais inclut ceux en provenance de la Montérégie rapprochée. À chaque année, l’équipe de recrutement de McGill, pilotée par Lindsay Wilmot, parcourt les cégeps de la province afin d’attirer les étudiants. Les intervenants sont témoins des nombreuses inquiétudes –notamment liées à l’usage de l’anglais– exprimées par les candidats potentiels : « On essaie de les rassurer, mais aussi d’être honnêtes dans le message qu’on leur donne, car oui, c’est une grosse transition, et notre but, c’est de trouver des étudiants qui vont être heureux ici, qui vont bien s’adapter » explique Mme Wilmot. À cet égard, bien qu’il n’existe aucune mesure de soutien visant spécifiquement cette population, les jeunes migrants peuvent faire usage des nombreuses ressources mises à la disposition des nouveaux étudiants : « il y a le First Year Office, qui a une assistante exclusivement dédiée aux francophones, le Buddy program, le counselling…» énumère Mme Wilmot. Et si la transition est parfois ardue, beaucoup arrivent à s’intégrer et réussissent très bien par la suite, conclut-elle.