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Les accommodements raisonnés

Le 18 novembre dernier, Maryse Potvin, professeure de la Faculté d’éducation de l’UQAM, a éclairci les enjeux problématiques des discours sociaux et médiatiques lors de la crise des accomodements raisonnables.

Les accommodements raisonnables ont souvent fait la une dans la presse écrite québécoise en 2006 et en 2007, et les répercussions sociales de cette médiatisation se font encore sentir. Maryse Potvin, experte mandatée par la Commission Bouchard- Taylor, nous a fait part de sa position en tant que professeure d’éducation lors d’une conférence présentée à l’UQAM le 18 novembre dernier.

Non à l’engrenage médiatique

Sur un ton éloquent, Mme Potvin a présenté une étude complète sur la nécessité d’un élargissement de l’éducation aux médias, notamment dans le cadre du projet éducatif de l’organisme pancanadien « Réseau Éducationmédias ». Selon elle, l’éducation civique doit d’abord se pencher sur la véracité des dires journalistiques concernant les accommodements raisonnables.

Trop souvent, précise-t-elle, certains chroniqueurs vont se permettre de commenter ces enjeux sans avoir les connaissances requises pour le faire : « Nous assistons à une méconnaissance visible des journalistes quant aux réalités de la diversité de l’immigration, aux valeurs communes inscrites dans nos chartes, à la jurisprudence et aux législations en matière d’égalité ».

Mme Potvin admet qu’en démentant l’autorité « absolue » de la machine journalistique, il est possible d’«arriver à y voir clair ». Elle renforce ce propos par l’importance de la conscientisation de la population par rapport aux dispositifs de la presse écrite : « leurs techniques, comme les stratégies de mise en page, l’usage trop fréquent des mêmes sources ou encore les titres mensongers, sont souvent à la base de messages raciaux », explique-t-elle.

Cet éventail de méthodes journalistiques devrait être rediscuté. Il apparaît important de jeter un éclairage nouveau sur ces « accommodements raisonnables » qui ont été traités dans les médias avant la Commission Bouchard-Taylor.

Toutefois, le problème ne saurait se régler aussi rapidement, la manipulation médiatique se présentant aussi sous d’autres formes : selon Mme Potvin, le message journalistique lui-même « influence fortement la population par son discours à l’instar de ses mécanismes discursifs ».

Au nombre de huit, ces « mécanismes du discours populiste et raciste » effritent la reconnaissance des droits de « l’Autre » au Québec. Parmi ces techniques, la victimisation, les dichotomies négatives et le catastrophisme des faits divers prédominent dans les quotidiens.

Tout compte fait, Mme Potvin souhaite des médias plus formateurs, dont les principes ne reposent pas sur des scénarios apocalyptiques, ou encore sur un désir d’expulsion de « l’Autre ».

Pour un discours raisonnable

Comme solution, Mme Potvin envisage l’encouragement de la politique de la lutte contre le racisme : « ainsi, nous arriverons à déconstruire la condescendance raciale en déchiffrant les processus de construction négative de “l’Autre” dans les dérapages et dans les débats publics », explique- t‑elle.

Comprendre et analyser les mécanismes discursifs des langages médiatiques et politiques restent, en effet, à la base de cette approche pédagogique antidiscriminatoire.

Une version abrégée du rapport Bouchard-Taylor en tant qu’objet d’étude dans les écoles secondaires a aussi été discutée en tant qu’alternative lors de la conférence. Cet apport contribuerait certainement à renforcer l’éducation aux droits humains dans les établissements scolaires québécois. Une chose est certaine, déclare Mme Potvin, c’est qu’il faut le faire. « À l’heure actuelle, l’éducation civique au Québec est faible. Il faudrait d’abord réaliser l’importance de rendre notre histoire intelligible parce qu’après tout, l’immigration est vieille de 300 ans », nous rappelle-t-elle.

En définitive, les institutions scolaires et leur corps professoral ont la responsabilité de continuer cette « transmission de savoirs, de savoirs-dires et de savoirs-faires », une conception qui prime dans l’éducation civique multiculturelle au Québec, en tout cas, comme l’entend Mme Potvin. 


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