Alors que la Chambre des communes à Ottawa n’a toujours pas repris ses sessions parlementaires, le chef du parti Libéral, Michael Ignatieff, a entamé une tournée pancanadienne des campus universitaires pour y discuter de sa vision du Canada. Le 12 janvier dernier, il se trouvait à Montréal pour répondre aux questions des étudiants de HEC Montréal et de l’Université Concordia.
Prorogation et controverse
Durant sa conférence, Michael Ignatieff a défendu la position du parti Libéral qui condamne la décision du premier ministre Stephen Harper de proroger le Parlement. Cette décision vient suspendre l’activité de la chambre basse alors qu’elle devait encore rendre ses décisions sur plusieurs dossiers, comme la ratification d’accords de libreéchange avec la Colombie et la Jordanie. M. Harper s’était justifié en déclarant que la situation lui permettrait d’ajuster son budget, mais Ignatieff considère ce geste avec sévérité : « M. Harper a voulu parier sur le cynisme des Canadiens et il s’est trompé », reprenant l’expression du Calgary Herald, le journal du fief politique de M. Harper.
Le chef de l’opposition a par ailleurs estimé qu’il « ne pense pas qu[e M. Harper] soit un très bon premier ministre ». Insistant sur le fait que « c’est le Parlement qui est souverain, non pas le premier ministre », il en conclut que « le pouvoir de M. Harper doit être restreint par le Parlement », et non pas l’inverse.
Pêche aux jeunes électeurs
M. Ignatieff s’est aussi exprimé sur le faible taux de participation des jeunes de moins de vingt-cinq ans aux dernières élections fédérales. « Iggy », comme le surnomment ses partisans, a dit vouloir combattre ce « désenchantement » chez les jeunes en les invitant à se mobiliser : « c’est votre responsabilité parce que c’est votre pays ». Il s’est attaqué à ses adversaires politiques qui bénéficient selon lui de l’intérêt anémique de certains envers la politique.
De l’Alberta à l’Afghanistan
M. Ignatieff a également répondu à des questions portant sur des sujets épineux. À propos des sables bitumineux de l’Alberta, il s’est dit contre la fermeture des sites d’exploitation, mais estime qu’il faut les nettoyer pour préserver l’environnement. Favorable aux énergies alternatives, il s’est également exprimé en faveur du nucléaire.
Concernant la mission canadienne dans la province afghane de Kandahar, M. Ignatieff justifie les « engagements du Canada envers l’ONU et l’OTAN ». Mais alors qu’il appelle à plus de responsabilité politique chez les jeunes et à l’ouverture d’un débat sur l’Afghanistan, il clos le débat après la première remarque critique de la part d’un étudiant. De quoi laisser désirer sur la profondeur des échanges lors de cette tournée nationale aux allures de campagne pré-électorale.