La Commission des affaires francophones, responsable de la promotion de la francophonie et les droits des francophones à l’Université McGill, a récemment finalisé la proposition qu’elle présentera prochainement au groupe d’étude de la principale sur la diversité, l’excellence et l’engagement communautaire. Avec pour objectif de pallier à la « déconnection de l’université McGill d’avec sa population immédiate, c’est-à-dire la province du Québec », la proposition de la Commission des affaires francophones propose notamment d’offrir une majorité de cours de niveau 200 en anglais et en français. Il y est aussi suggéré qu’un tiers des professeurs embauchés fasse preuve d’un bon usage de la langue officielle du Québec.
Scepticisme envers le bilinguisme
Morton J. Mendelson, vice-principal exécutif adjoint à la vie étudiante et à l’apprentissage de l’université, est d’avis que plusieurs francophones fréquentant l’établissement unilingue anglais qu’est McGill le font parce qu’ils veulent améliorer leur capacité à s’exprimer en anglais. D’ailleurs, reposant ses propos sur son expérience en tant qu’ancien professeur à l’université, il observe que « typiquement, très peu d’étudiants exercent leur droit de soumettre leur travaux et examens en français ».
Manon Lemelin, adjointe aux étudiants francophones de première année, partage cette observation. Selon elle, les étudiants francophones qu’elle rencontre lui disent qu’ils viennent à McGill « pour apprendre et perfectionner leur anglais ». Elle doute ainsi qu’il y ait une demande pour l’offre de cours de niveau 200 en français.
La directrice des études de premier cycle au département de langue et littérature françaises, Isabelle Daunais, ajoute quant à elle qu’elle a « rarement entendu des étudiants regretter l’absence de cours en français dans les autres départements. [Pour les élèves de notre département, assister à des cours en anglais] constitue plutôt un défi intéressant à relever », ajoute-t-elle. Essentiellement, elle considère que les décisions relatives à la langue d’enseignement des cours devraient revenir aux départements.
Un engouement pour le français
D’autres semblent emballés par la proposition de la Commission. « Je pense que ce serait une très bonne idée », signale Marion Vergues, professeure de français au centre d’enseignement du français et de l’anglais de l’université. Cependant, celle-ci émet des doutes quant à la capacité des étudiants à bien comprendre la matière des cours s’ils n’ont pas le français pour langue maternelle mais souhaitent s’instruire en français. Selon elle, il faudrait que le niveau de langue du cours soit adapté aux étudiants qui y assistent, de façon à ce que la forme linguistique ne gène pas l’assimilation du contenu.
Une des solutions pour remédier au problème serait de structurer les cours offerts aux étudiants n’ayant pas la langue française comme langue maternelle de façon à ce que l’on y intègre une composante d’apprentissage linguistique. « Et le centre d’enseignement du français et de l’anglais serait le mieux placé pour développer le genre de relations inter-facultaires nécessaires [à la réussite de ce projet].»
D’autres priorités pour l’administration
En ce qui a trait à l’embauche de professeurs pouvant dispenser leurs cours en français, le premier vice-principal exécutif adjoint rappelle au Délit que « nous sommes une université de classe mondiale ». Il explique que les facultés recrutent présentement les meilleurs professeurs, sans tenir compte de leur capacité à parler le français. Ces dernières évaluent plutôt les candidats sur leurs qualifications ainsi que sur la qualité de leur recherche, leur habilité à la présenter, etc. « On essaye de servir les étudiants aussi bien que les ressources le permettent », ajoute-t-il en anglais. Il s’agit pour lui, prioritairement, de traduire les informations et documents importants, comme le Recueil des droits et obligations de l’étudiant, et de s’assurer que tout le monde puisse remettre ses travaux et examens en français.
Cette année, l’université McGill offre des cours en français de niveau débutant et intermédiaire dans les programmes d’études canadiennes, dans le département de science politique, de génie électrique, des sciences de la terre et des planètes, et à la faculté d’Éducation.