Avec cette nouvelle exposition, le Musée des Beaux-Arts présente la première rétrospective canadienne consacrée à Louis Comfort Tiffany (1848- 1933). Fils de Charles Tiffany, fondateur de la luxueuse bijouterie Tiffany and Co., Louis ne suit pas la vocation familiale. Après des études de peinture, il s’oriente vers la décoration d’intérieur. Si les ateliers Tiffany sont très connus pour leurs vitraux, l’exposition met en valeur une panoplie d’objets qui témoignent de la marque indélébile laissée par ceux-ci dans le design du verre. Très vite, l’on est charmé par cet univers éclectique qui rassemble la fusion des couleurs, la multiplicité des supports (vases, vitraux, chandeliers, esquisses, lampes) et toutes les formes que peuvent adopter le travail du verre.
Le visiteur se laisse mener dans les cinq salles au gré des découvertes. Dans l’une d’elles, des panneaux expliquent le processus de fabrication des vitraux et présentent des échantillons de verre drapé, tacheté, moucheté, bariolé, où le matériau semble devenir tantôt tissu, tantôt pâte à modeler, tantôt presque liquide. À tous ces objets se mêlent même quelques brillants tableaux orientalistes de Louis Tiffany luimême, des motifs japonisants et une magnifique aquarelle de Toulouse-Lautrec à partir de laquelle l’équipe Tiffany a façonné un époustouflant vitrail. Celui-ci est d’ailleurs l’un des seuls rescapés d’une série de onze pièces, commandées par le galeriste Siegfried Bing dans une volonté d’unir arts décoratifs et peinture française.
L’étape la plus éclatante du parcours est certainement la salle qui renferme les vitraux ayant initialement orné l’église américaine presbytérienne de Montréal, tout récemment acquis par le Musée des Beaux Arts. Le visiteur y est accueilli par cette citation de Louis Tiffany : « S’il est un art qui a été développé ici et qui porte la marque du génie américain, c’est bien celui du vitrail ornemental et figuré ». Il est vrai qu’à la vue de ces vitraux aux thèmes religieux, plus de deux fois grandeur nature, le spectateur aura réellement l’impression d’être projeté dans la nef de l’église, dans une atmosphère surréaliste et imposante. Pour mettre un peu d’ordre à tous ces éclats, il aurait cependant été souhaitable d’en apprendre plus sur la place des oeuvres dans le contexte culturel de l’époque.
À travers Le Verre selon Tiffany, la variété et le raffinement des objets exposés nous rappellent que le travail de verrier est une réelle oeuvre d’artiste digne des peintres et sculpteurs contemporains de Louis Tiffany dont Rodin ou encore le mouvement postimpressionniste des Nabis (Vuillard, Denis, Bonnard etc.). Sans aucun doute, le spectateur se laissera surprendre et s’attachera à cette profusion d’objets aux formes inattendues. Une exposition qui ne décevra pas les amateurs d’art et qui saura séduire par sa surprenante diversité.
Le Verre selon Tiffany
Où : Musée des beaux arts de Montréal, 1379, rue Sherbrooke ouest
Quand : jusqu’au 2 mai
Combien : 7,50$ (étudiants)