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La capsule sonore

Déclin des CDs, Vinyles recherchés

Côté musique, de manière générale, j’ai trois catégories d’amis. Il y a ceux qui collectionnent les disques compacts par culpabilité, pour ne pas sombrer dans le piratage musical sur le net, ou par intérêt particulier pour un artiste. D’autres qui ne-vont-jurer-que-par-iTunes-parceque- Apple‑c’est-chic, et d’autres encore qui préfèrent boycotter la modernité en accrochant des vinyles en guise de tableaux sur les murs de leur cuisine. Pour faire une Suissesse de mon être, je pense que toutes les formules se valent. Un ami, une personnalité, un style musical. Point à la ligne et paix sur terre.

Je dois ici faire un aparté plutôt cocasse en prenant soin de ne pas vous attrister, ô chers 98543 lecteurs avides de ma capsule sonore. Alors, voilà : un bon nombre de journaux américains voient l’avenir des disquaires d’un oeil sombre. Ils seraient voués à l’extinction, et plus rapidement que l’on ne le croirait. En effet, avec l’apparition d’Amazon dans le cybermonde il y a quelques années, et celle d’iTunes plus récemment, moi aussi je doute fort qu’en 2015 nous puissions encore franchir les portes d’un magasin de disques au centre-ville de Montréal. Après tout, le Virgin Megastore de Times Square a bien fermé boutique en juin dernier… Combien pariez-vous que le même scénario se reproduira pour le HMV de la rue Sainte-Catherine ? Allez, vous pariez tous vos vinyles, c’est bien ça ?

En rétrospective, l’époque du disque compact aura duré environ trente ans, du début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. On considère cependant que l’âge d’or de cette ère a eu lieu à la fin des années 1990. Je suis tout à fait de cet avis : probablement même qu’en 1998, j’aurais acheté des actions de Music World à la bourse de Toronto si j’avais pu. Pensez‑y, à l’époque, la vente d’albums des Spice Girls, des Backstreet Boys, des Hanson, de N*SYNC et de tous ces « bons » groupes pop qui ont pendant si longtemps cassé les oreilles de nos géniteurs, ont fracassé des records. Mais comme tout cela semble déjà si loin derrière nous, je laisse la place à l’ère iTunes, et au « comeback majeur » des vinyles. Ça vous effraie aussi si je vous dis que nos voisins du sud ont vu leurs ventes de 33 tours augmenter de 90% entre 2007 et 2008, et de 33% entre 2008 et 2009 ? Pour vous donner une idée du contraste avec l’industrie du disque compact, l’an dernier, la vente d’albums a chuté de 13% aux États-Unis (selon SoundScan, un système d’information capable de retracer les ventes d’albums et la production de vidéoclips à travers les États-Unis et le Canada).

Je peux les comprendre, ceux-là : moi aussi, lorsque que je vagabonde sur la rue Mont-Royal, les mille magasins où l’on peut se procurer des 33 tours usagés en bon état et à prix modestes attirent mon attention. Pourtant, je n’y mets jamais les pieds : je ne me sens jamais assez sollicitée par l’univers du vinyle. Que voulez-vous, je suis une victime de la modernité, le rétro ce n’est pas mon domaine d’expertise. Vous comprendrez maintenant pourquoi la table tournante parentale, datant d’une année respectable (1966), gît bien sagement dans la grande armoire de cèdre de mon sous-sol, telle une vieille paire de godasses oubliées. Respect.


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