Quand te regarder marcher m’étreint à en pleuvoir d’abandon
si m’évanouir au creux de tes hanches
me ramène aux longues marches d’automne
à ce que je m’épargne de toi
rappelle-toi qu’encore hier nous mourrions
sous les épaves de tes cheveux à saveur de flamenco
ma jupe perdue dans le recoin de ta chambre
nous parlions si peu
je m’abandonne à ton corps encore chaud d’été
qui me soulève d’éclat à en perdre parole
Il y avait toi obsolète savourant les fuseaux horaires
le temps réparti aux quatre coins de ton corps
tes jambes de béton soulevant ce qui nous reste de débris
déjà ta gorge obscurcie d’un élan inavouable
en terre inconnue l’eau de ton sexe
se débarrasse de ses minéraux
au pluriel tu fondais sur le tapis maghrébin
t’éparpillais de ce qui coule d’encre en nous
te laissais choir sur ma tête trouée
obus de mes rêves
Se regarder si avidement que j’en perdrais la vue
contempler tes yeux nomades
à la poursuite des miens émigrés
en haute altitude
demain n’attendra pas
Au perpétuel enjambement du désir en apnée
des bulles plus qu’il n’en faudrait disperser
à flot en guerre sous les décombres du plancher de la salle de bain
d’un pan nu l’eau nage de printemps
s’étiolait ta bouche suzeraine
en centaines d’échos bestiaux
n’y survivre que par la force du moins que commun
Tes omoplates en exergue tes bras pour épitaphe
mon ardoise
cachés derrière ton front
derrière un champ de nudité
les herbes hautes sapent les rires de ton ventre
nous courrons
là-haut la jeunesse t’attend avec un revolver
un orage dans ma gorge ouvre ses yeux
Au bidonville du souvenir
j’aimerais encore faire l’amour en pyjama sur ton balcon
penser à Rio que je ne visiterai jamais
te prendre plus souple que brume
crier violence pour que me revienne hier
sur ton sofa s’éprendre en japonais
pour ne laisser que ce goût
de ce qui ne reviendra pas
D’un accord briser ce pont d’agrafes
sous écaille d’azur s’avouer l’impasse
prendre à bouche close l’élan déchu
j’aimerais feindre le ton du regret
me cloîtrer sous ta gorge nouée par les oiseaux
tes yeux buvant tout ce qui me reste d’ampleur
à longer ta nuque de mai
à me croire prisonnière d’un visage muet d’égard
prends-moi sans floraison
ne regrette pas la nuit entre nos jambes
à ce manque d’oxygène au réveil
le matin goûtait l’abandon
l’angoisse d’une reine soumise aux animaux nocturnes
des myriades d’épaules
où les têtes s’avalent entre elles
où ma robe ne scintille plus
des terres abandonnées s’abreuvent de l’improbable
tu meublais l’espace infertile de ton autoportrait
Si peu d’existence pour braver décombre des corps
des seins pour barricade
tu emplissais la virginité
le sable fin entre tes cuisses
saturées d’un monde vaste
désincarnée dans un puits d’abeilles
pour seule chanson
les remords tranchés en couleurs
tu n’étais plus géographique
et ailleurs
mes veines éjaculaient
des arômes d’impudeur
en guise d’équinoxe