Catherine Pogonat signait la semaine dernière un beau billet, un « Manifeste pour le bruit ». Elle en appelait à plus de mouvement, de folie dans la ville, notamment dans le Quartier des spectacles. Selon elle, les plaintes de résidents et les interventions de la police rendaient la ville plate.
Plus près de nous, dans le cadre de l’émission de radio que j’animais à CKUT, j’ai reçu un membre de l’équipe de quidditch de McGill. Oui, oui, quidditch, le jeu de balais dans Harry Potter. L’idée d’imiter des personnages d’Harry Potter en courant après quelqu’un en lycra jaune en tenant un balai entre ses jambes est complètement débile. Débile, mais je l’aime bien. Et c’est un peu ce qui manque à ce campus : de la folie, de l’exubérance.
Je n’aime pas faire mon donneur de leçons, donc je ne vous critiquerai pas. Disons que c’est une autocritique. Nous sommes plates. Sédentaires. Solitaires.
Cet hiver, en revenant d’une marche sur le Mont-Royal, je passe par les résidences. Une vision mignonne : de gentils petits étudiants mcgillois jouent au hockey. Ça m’a attendri. J’ai été m’acheter des patins pour finalement comprendre que dorénavant l’hiver montréalais ne dure que deux mois.
Mais au-delà de cette constatation déprimante, force est de constater que la spontanéité liée au fait de se rendre au terrain de basket ou sur une glace extérieure et de rencontrer des amis improvisés avec qui se défouler momentanément, a quelque chose de profondément humain et social. C’est un réseau social.
Vous avez vu la finale de hockey olympique masculin ? Avez-vous remarqué les visages des pauvres joueurs américains en recevant leur médaille d’argent ? Des larmes. Il y avait quelque chose de magnifique dans cette image. Pas tant de voir des Américains pleurer mais de voir ces professionnels si tristes à cause d’une puck.
Or, la lutte politique, les mouvements sociaux, c’est un peu comme le hockey pick-up. On y entre souvent sans trop savoir exactement ce qui nous attend. On y fait des rencontres, bonnes et mauvaises. On s’investit. On se défonce. Et on pleure. Pas en mettant un « Vous aimez » sur facebook. Pour le vrai. C’est d’ailleurs pour comprendre les larmes des anarchistes que Francis Dupuis-Déri a écrit Lacrymos. Récits d’anarchistes face aux pleurs, un livre qui sera probablement très rafraîchissant. Il y a quelques années une amie me parlait de l’étrange sentiment cathartique qu’elle avait ressenti dans une manifestation. L’énergie collective, la puissance qui s’en dégage, provoquent un réel buzz. C’est le même phénomène que m’ont décrit des amis qui étaient à l’UQAM pendant la grève de 2005. Une intensité des relations humaines inouïe couplée à la tentative de parvenir à un monde plus juste, du moins pour l’accessibilité aux études.
Micah White, un auteur du magazine Adbusters, écrivait récemment un autre billet contre l’activisme virtuel. Il y citait ces beaux mots de Micheal Hardt, « la révolution est une transformation de la nature humaine qui rend possible une transformation de la société ».
Essayez pour voir. Faites du sport mais surtout engagez-vous pour « changer la vie ». Vous en sortirez transformés.