Le Architecture Café aura fait couler beaucoup de café dans les dernières années et beaucoup d’encre dans les derniers jours. L’inadmissibilité de la fermeture du café, qui opère dans le pavillon Macdonald-Harrington depuis 1993, est exacerbé par le manque de justification chiffrée de l’administration de McGill et la tendance plus grande dans laquelle s’inscrit la fermeture : si la fermeture du café est imminente, elle représente surtout l’ultime d’une longue série de pression faite contre les initiatives étudiantes.
Fermer ce café, qui s’est rapidement attiré les faveurs des étudiants de la Faculté d’architecture et d’ailleurs, notamment avec ses repas végétariens à petits prix, est d’autant moins justifié qu’elle s’explique mal en chiffres. Si Merton Mendelson, premier vice-principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante, livrait à notre journaliste (en page 3) que le café était traditionnellement géré comme un « comptoir de limonade au coin de la rue », aucun chiffre ne sont maintenant rendus publics. Un des anciens gestionnaires du café considère même que celui-ci générait des surplus budgétaires. Qui dit vrai ? Nul ne le saura tant que l’administration de l’université gardera les chiffres pour elle.
Comme l’explique Zach Newburgh, le café se gardait de déclarer l’intégralité de ses opérations financières auprès des instances gouvernementales appropriées et évitait ainsi de payer sa juste contribution fiscale, mais depuis que le café opère sous l’égide du McGill Food and Dining Services, une entente aurait été possible. Pour le moment, quoique la décision prise unilatéralement et sans compromis en désappointe plusieurs, les étudiants, professeurs et autres fervents du café devront apporter des collations ou manger Aramark. Mendelson aime à le rappeler : McGill ne peut se permettre de subventionner le repas (et l’éducation?) de quiconque.
Non seulement la fermeture s’explique-t-elle mal financièrement (on aime à le rappeler, puisque c’est la raison principale que donne l’administration), mais elle s’inscrit surtout dans une propension que prend l’administration à brider les initiatives étudiantes. Effectivement, plusieurs cafés et autres espaces gérés par les étudiants ont fermé leurs portes et ont été remis aux mains d’administrateurs professionnels. Le Architecture Café était le dernier café géré par les étudiants (de façon partielle depuis 2007). Plutôt que de battre au marteau le manque de professionnalisme et d’esprit d’entreprise des étudiants, il serait intéressant de voir l’université aider ses étudiants à acquérir ces compétences qu’elle juge nécessaires pour soutenir financièrement une entreprise.
Enfin, un autre doute plane sur toute l’affaire : l’université a désigné un nouveau contractuel, Aramark Canada, pour assurer l’intégralité des services relatifs à l’alimentation sur le campus.
Selon Mendelson, la candidature d’Aramark était de loin la plus attrayante sur les plans financiers et environnementaux. Mais, demandons-nous enfin, la fin du contrat de Chartwells et l’entrée d’Aramark coïncide-t-elle avec la fermeture du Architecture Café ? Si l’administration nie l’existence de tout lien, il est cependant permis de remettre en cause la fermeture du Café tant que toutes les raisons motivant l’entrée d’Aramark et ses conditions, la réhabilitation du Café et les chiffres démontrant l’ampleur du désastre des finances du Café ne seront connues.
Les étudiants pleurent-ils la décision ? Selon une récente pétition destinée au premier vice-principal exécutif adjoint, 80% des 148 étudiants ayant répondu à la question, étaient en faveur de la réhabilitation de l’espace en tant que Café. Ces étudiants, et d’autres, espérons-le, ne manqueront certainement pas de se présenter devant le bâtiment Leacock, le mercredi 22 septembre à 2h15, pour montrer aux décideurs de cette université l’affection qu’ils éprouvent envers leur Café. La tasse n’est pas encore vide, quel goût aura la dernière goutte ?