La quatorzième édition des Journées de la culture, une initiative de Culture pour tous qui a pour mission de démocratiser la culture au Québec en offrant des activités gratuites, s’est déroulée de vendredi à dimanche. Ainsi, les coulisses de théâtre ainsi que les ateliers privés et les rues devenaient des espaces de rencontre et de partage. Ces trois journées d’exploration du domaine des arts ont pris l’allure d’un modèle pour la participation et l’engagement public dans la culture et se sont étendues cette année partout au Canada avec les Culture Days. À voir ces centaines d’activités culturelles qui ont pris d’assaut la province et le pays, certains tendraient à affirmer qu’au Québec et au Canada, la culture se porte bien. Vraiment ?
La culture s’achète
Un article de l’édition du samedi du Toronto Star déplorait la qualité de l’accès du grand public à la culture. Les Culture Days ne seraient pas une solution au déclin dans les arts depuis les dix dernières années. Les frais d’admission sont en hausse et les initiatives pour l’accès à la culture telles les journées gratuites muséales se font de moins en moins fréquentes (heureusement ce n’est pas le cas pour le Musée des Beaux-Arts et le Musée d’Art Contemporain de Montréal, article en p. 15).
L’indice canadien du mieux-être établit une corrélation entre la récente hausse des coûts des activités de loisir et culturelles et la baisse relative du bien-être du citoyen. De cette analyse, on conclut que notre société est en mal d’inclusion et d’équité dans la sphère culturelle. Dans son livre Le Facteur C, Simon Brault, directeur général de l’École nationale de théâtre et vice-président du Conseil des Arts du Canada, revendique le droit « de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent », énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, il en fait même une nécessité. La culture véhicule des valeurs et l’art est un outil de cohésion sociale, car elle permet le partage de valeurs communes entre des citoyens d’origines diverses. Tristement, l’accès à la culture semble être victime des coupures budgétaires.
Mais à qui la faute, à qui la responsabilité ? Il semble que la tension se trouve encore entre l’accessibilité et la rentabilité. « La culture est un bien commun », avait lancé Christian Paire, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, lors du lancement de l’Agenda 21C le 20 septembre dernier. L’Agenda 21 de la culture est un projet du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine visant à intégrer la culture dans le développement durable et il reconnait le rôle de la culture dans le développement de tous les secteurs d’une société.
McGill s’isole un peu plus…
À partir de ce semestre, McGill ne subventionnera plus les cours de français langue seconde aux étudiants
internationaux. Morton J. Mendelson a expliqué que l’université n’avait plus les moyens d’offrir ce programme après avoir pris la relève lorsque le gouvernement a décidé de couper sa subvention. Dans une entrevue accordée au McGill Tribune, le premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) a toutefois voulu souligner que ceci « shouldn’t be seen as a lack of support for international students who are trying to engage more fully with the Quebec community and society ». Et pourtant. L’accès à la culture québécoise et l’intégration des étudiants étrangers souffrent de cette décision.
La culture devrait être vue comme une source d’information, un héritage et faire partie du système d’éducation plutôt que d’être orientée vers des questions de sous.
Selon le sociologue Joseph-Yvon Thériault invité à McGill à une table ronde sur le bilinguisme en février dernier,
les universités anglophones montréalaises possèdent un « mandat particulier et une grande responsabilité » quant à la promotion de la culture québécoise et au bilinguisme et elles « devraient avoir la décence de s’intéresser à la société dans laquelle [elles] sont. [Celle] qui les finance ».