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L’héritage de Suzuki

L’écologiste vancouvérois plaide pour un meilleur traitement de la Terre pour les générations futures.

De passage à McGill pour promouvoir son dernier livre intitulé The Legacy (L’héritage), David Suzuki s’est adressé pendant près de deux heures à une salle comble, mardi soir dernier au Pollack Hall. Généticien accompli et vulgarisateur des plus appréciés des Canadiens, M. Suzuki fait de l’écologie son cheval de bataille depuis plus de vingt ans. À soixante-treize ans, il multiplie les références à « l’héritage » et au « legs » que l’on doit laisser aux générations futures. « Alors que j’approche inéluctablement de la tombe, dit le septuagénaire, je peux me permettre de parler du coeur, de dire la vérité sans égard aux considérations de carrière ou d’argent. »

L’ère de l’Homme

« L’être humain est maintenant devenu une puissance inégalée en 3,9 milliards d’années depuis l’apparition de la vie sur Terre, dit Suzuki. Les géologues ont déjà nommé l’ère actuelle Anthropocène : l’ère de l’Homme. L’humain exerce maintenant son influence jusqu’à l’échelle géologique ». D’où l’importance d’agir de notre vivant pour laisser une planète intacte aux générations futures, selon Suzuki : « Ce qu’on appelle notre maison est-il un foyer ou un simple bien immobilier ? » demande-t-il. L’économie occupe une place démesurée dans le discours politique, estime Suzuki : «[C’]est une invention humaine qui a pourtant la même racine linguistique, oikos (maison), que le mot ‘écologie’. Se prosterner devant l’économie et vouloir à tout prix la libérer, c’est le comble de la folie » lance-t-il.

Le retour aux sources 

Suzuki raconte une anecdote dans laquelle sa famille et lui, en excursion de camping dans une forêt ancienne de la Colombie-Britannique, ont croisé sur leur chemin le P.D.G. d’une compagnie forestière qui lui a demandé : « Es-tu prêt à payer, Suzuki, pour qu’on ne coupe pas cette forêt ? ». David Suzuki croit que notre société n’accorde pas assez de valeur à la nature et, par conséquent, aux vraies sources du bonheur humain : « Il y a de ces choses infiniment précieuses qui n’ont aucune valeur dans le système économique, dit le scientifique. Nous devons tous ra-len-tir : prendre le temps de connaître notre famille et nos amis, travailler et jouer dans le même quartier, donner à ce dernier une vie de quartier […] Nous devons changer la direction de la société. […] Cela s’est déjà fait dans le passé. Tout ce que ça prend c’est une vision et la volonté de changer les choses. Alors allons‑y,» exhorte-t-il en terminant, déclenchant une copieuse ovation de l’auditoire.


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