Fondée en 1880 par les frères Darling, la Fonderie Darling est cachée dans le Vieux-Port de Montréal sur la rue Ottawa, entre les rues Duke et Prince, l’ancien quartier industriel de Griffintown. La compagnie, spécialisée dans la fonte de pièces de métal, a longtemps produit des équipements industriels, des pièces de tramways, de chauffage ainsi que différentes sortes de pompes. Durant les guerres, elle a servi à la fabrication d’armements.Incapable financièrement de suivre les avancées technologiques de son temps, la Fonderie ferme ses portes en 1991.
Tombée dans l’oubli, la Fonderie est abandonnée. Elle devient vite infestée par la vermine et finit par servir de piquerie. Cependant, dix ans après sa fermeture, l’immeuble industriel est restructuré par les firmes d’architectes Atelier in situ et l’Œuf pour le rendre accessible –et fonctionnel– à la communauté artistique montréalaise.
La galerie Quartier éphémère en occupe désormais une partie : deux salles dédiées à l’exposition d’œuvres d’artistes contemporains. Le reste de l’espace est occupé par des studios et des résidences pour treize artistes. L’établissement est très convivial et propose, au deuxième étage, une cuisine commune, un salon et, sur demande, un D.J. (le Cluny ArtBar). Plusieurs soirées réunissant amateurs d’art, collectionneurs, artistes, étudiants et curieux (ou curiosités!) sont d’ailleurs organisées à la Fonderie Darling tout au long de l’année. Assister à ces festivités ne nécessite pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, de carton d’invitation ou de connexion particulière. La Fonderie Darling organise aussi souvent –parallèlement aux vernissages– des évènements appelés « Ateliers Portes Ouvertes ». Ces événements permettent aux visiteurs d’entrer dans les studios des artistes, d’y voir leur environnement de travail et leurs œuvres (finies ou en cours).
Les œuvres des résidents de la Fonderie Darling frappent par leur variété. Certaines réalisations traitent du quotidien et de notre relation aux objets tandis que d’autres, comme celle de Sayeh Sarfaraz, sont assez politisées. Établie dans la Fonderie depuis 2010, Sarfaraz affirme véritablement apprécier l’endroit : l’espace volumineux de son studio lui offre une liberté idyllique au niveau de la création d’installations. Elle avoue affectionner particulièrement les soirées de portes ouvertes, car elles lui donnent l’occasion d’interagir directement avec le public. Le lieu est en effet très vivant et l’effervescence des échanges artistiques et intellectuels est palpable.
Ne reniant jamais ses origines industrielles, le design intérieur de la Fonderie Darling épouse ce passé et l’utilise à des fins artistiques. Plusieurs matériaux d’origine de l’usine sont intégrés à l’architecture intérieure des lieux et à sa décoration. En plus de son active participation au rayonnement de l’art contemporain, la Fonderie Darling promeut son aspect historique ; le gouvernement fédéral lui a même attribué le titre de « Patrimoine national ».