Ilich Ramirez Sanchez, incarné par Edgar Ramirez, est un playboy vénézuélien plus connu sous son nom de guerre : Carlos. Ce thriller biographique et historique est centré autour de la vie trépidante de cet homme aux allures de Che Guevara, aveuglément guidé par ses convictions et surtout par une redoutable ambition, et pour qui la violence est vectrice de justice. Son mode opératoire est simple : obéir à son instinct de guerrier. Chaque opération de terrorisme international devient vite sienne, comme en témoigne entre autres son sabotage de la conférence de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) à Vienne en 1975.
Carlos s’est certes engagé contre le capitalisme et l’impérialisme occidental, mais il s’est aussi et surtout battu pour la liberté des peuples ostracises, parmi lesquels les Palestiniens. Il est devenu un farouche allié des militants arabes du FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), une organisation palestinienne militante issue du Mouvement nationaliste arabe. Il est celui qui a voulu internationaliser le conflit israélo-arabe en prenant de graves risques. Guidés par des idéaux marxistes, Carlos et le FPLP ont orchestré des attaques ciblées sur tout individu susceptible de nuire à leur cause, à commencer par les puissants sionistes d’Europe accusés de financer l’État hébreux.
Dans son film, Assayas nous transporte de Berlin à Beyrouth sans oublier Londres, Paris, Damas, Khartoum, Alger et le Yémen, en insistant sur le caractère impulsif de Carlos qui se joue de l’autorité avec une séduisante arrogance. Sa réalisation est méticuleuse, surtout en ce qui concerne la complexité du protagoniste. Celui-ci semble être de glace et adorer tuer, mais n’en est pas moins torturé par des conflits internes. Carlos est ainsi présenté comme un homme fragilisé par des mœurs légères et une assurance qui le rend tantôt invulnerable, tantôt fataliste. La performance livrée par Edgar Ramirez, qui incarne le curieux et séduisant criminel avec sensualité et virilité, est d’ailleurs hypnotique.
Ce qu’il faut noter, par contre, est la longueur accablante du film. La version originale du film, présenté à Cannes l’été passé, durait plus de cinq heures, tandis que la version adaptée à nos écrans dure exactement deux heures et quarante cinq minutes. Certaines scènes peuvent avoir de véritables effets soporifiques, même si l’action tient le spectateur en haleine et l’intrigue principale finit toujours par le remettre sur les rails.
Carlos, l’homme incompris, traqué et admiré dans le monde arabe, où il était devenu un véritable mythe, captive donc l’attention dans le film d’Assayas, particulièrement lorsqu’il succombe à ses pulsions destructrices qui le mènent directement en prison après une arrestation des plus originales.