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EXCLU WEB : L’Amour joyeux de Louis Garrel

Lumineux et stimulant, Le petit Tailleur est une pure merveille qui confirme le talent de Louis Garrel.

Rien ne peut déplaire dans Le petit Tailleur, une histoire d’amour et de filiation traitée avec finesse et ludisme par Louis Garrel dans un noir et blanc sublime (les lumières sont orchestrées par Léo Hinstin). Le jeune réalisateur, qui s’était distingué avec Mes Copains en 2008, assume dans ce court métrage l’influence de ses pères (et pairs) cinématographiques, tout en apportant à son film une touche personnelle des plus justes. Évoquant Jean-Luc Godard, François Truffaut et d’autres grands de la Nouvelle Vague, Garrel joue sur les dialogues et les silences avec une incomparable maîtrise et une délicate originalité. Il intervient avec humour à plusieurs reprises dans son film par le biais d’une voix off : « Nous ne vous montrerons pas d’extrait de la pièce qu’il est allé voir parce que le théâtre, soit on y va, soit on n’y va pas. » 

Arthur est un jeune tailleur passionné qui doute de lui. En constante perte d’équilibre dans sa vie privée, il travaille comme apprenti dans l’atelier d’Albert (Grand Albert), un vieux Juif qui l’affectionne particulièrement et lui tient lieu de figure paternelle. Ayant trouvé en Arthur l’équivalent d’un fils, Albert désire lui léguer son atelier, son savoir et son histoire personnelle (il est rescapé des camps et des maquis). Un soir, Arthur rencontre une jeune comédienne au Théâtre de l’Odéon et tombe amoureux. En l’espace de quelques heures, il envisage de tout abandonner pour suivre la désinvolte Marie-Julie dans un amour qui semble réciproque.

Louis Garrel filme avec une affection et une tendresse évidentes des acteurs dont le charme et la beauté séduisent le public. Arthur Igual excelle dans le rôle d’Arthur, ce personnage éternellement en retard qui court d’un lieu à l’autre, effleurant toujours le danger d’être en retard d’une vie ou d’une passion. Le film part de cette figure masculine romantique : « C’était de la broderie autour de l’idée qu’un personnage se vivait comme un raté et qu’un jour il se réussirait, qu’il s’accomplirait lui-même. Et que ce personnage-là était peut-être émouvant, touchant, et qu’il pourrait être un peu attirant pour une fille. » Cette fille, c’est Marie-Julie, une héroïne lumineuse et changeante qui aime à briser le cœur des garçons. Léa Seydoux, qui s’est distinguée auparavant dans La belle Personne, est plus vraie que nature dans son interprétation de la jeune marionnettiste des sentiments qui se plaît à jouer la comédie dans sa propre vie. 

Avec une esthétique de qualité, des références assumées et une distribution incroyablement bien dirigée, Le petit Tailleur est indéniablement un bijou, une de ces œuvres qui rappelle au public l’existence d’un cinéma français talentueux, touchant et joyeux. 

Où : ONF
1564 rue St-Denis
Quand : le 19 octobre à 13h
Combien : 8$


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