En mars denier, le gouvernement fédéral a retiré toute référence aux droits des communautés lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) dans le guide de l’immigration. Suite aux protestations soulevées par cette décision, le ministre de l’immigration Jason Kenney a annoncé que le passage serait réintégré au guide. Le problème de l’immigration homophobe présente, à première vue, une incompatibilité entre l’intégration de différentes communautés culturelles et la conservation des droits des gays. Les représentants des communautés LGBT répliquent toutefois que ce problème doit être vu sous un angle différent.
Au lieu d’adopter une attitude hostile envers les communautés culturelles, les communautés LGBT se veulent modérées. Ryan Thom, co-administrateur de Queer McGill, soutient que considérer les immigrants comme une menace envers les droits des homosexuels est discriminatoire. « Cela suppose que la culture dominante au Québec n’est pas homophobe », réplique-t-il tout en ajoutant que la doctrine chrétienne est homophobe au même titre que plusieurs autres religions.
Bien entendu, l’intégration de nouvelles cultures comporte des défis, mais ceux-ci ne sont pas strictement liés à l’homophobie. « Les personnes issues des communautés culturelles minoritaires sont souvent elles-mêmes victimes de discrimination au sein de la société », explique Steven Foster, président du secteur général du Conseil Québécois des Gays et Lesbiennes (CQGL). C’est ce que pense également Aliénor Lemieux, représentante des élèves de première année pour Queer McGill. Elle affirme que le racisme devrait être traité de la même façon que la discrimination envers les communautés LGBT, c’est-à-dire comme un phénomène inacceptable.
En ce qui a trait au passage concernant les droits des homosexuels dans le guide de l’immigration, tous s’accordent à dire que c’est inacceptable. Il s’agit d’un choix empêchant les nouveaux immigrants d’avoir un portrait représentatif de la diversité présente au sein de la population canadienne. « Les cultures ne doivent pas être invisibles et l’interaction entre celles-ci ne doit pas l’être non plus » s’indigne Ryan Thom. Un dialogue doit s’établir entre les cultures et pour cela, celles-ci doivent être visibles. D’un autre côté, Foster associe ce geste à l’idéologie d’extrême-droite, selon lui, du gouvernement Harper. « Honnêtement, si on avait à demander lequel [entre l’immigration homophobe et le gouvernement] risque d’avoir le plus d’impact sur nos droits, le gouvernement conservateur serait considéré comme plus dangereux que les personnes issues des communautés culturelles », soutien-t-il.
Les représentants de Queer McGill et du CQGL ne s’accordent pas quant à la conscientisation des immigrants. La première organisation prône une sensibilisation uniforme de la population, en mentionnant toutefois que des ateliers offerts dans différentes langues pourraient favoriser la compréhension des immigrants face aux réalités sexuelles au Québec. Le CQGL est, lui, en faveur d’un discours tenant compte des réalités culturelles et religieuses des minorités. Foster justifie son approche en expliquant que les campagnes de sensibilisation doivent représenter la réalité des nouveaux arrivants afin qu’ils se sentent interpellés. Le CQGL a d’ailleurs lancé une campagne de 18 000 cartes postales nommée « Si amoureux/euse de toi » en août mettant en scène des couples gays et lesbiens inter-raciaux.