Le mythologue Joseph Campbell a passé ses deux derniers étés à discuter avec le journaliste de télévision Bill Moyers à propos de mythologie. Le résultat : un documentaire et un livre d’accompagnement intitulé Joseph Campbell et le pouvoir du mythe, qui tente d’explorer la nature des grands principes, des idées et des mystères dans lesquels l’humain a toujours vécu. Cette œuvre, explique Campbell dans l’entretien, ont trait aux « problèmes internes profonds, les mystères internes, et les seuils internes du passage. »
Campbell décrit la mythologie comme « la chanson de l’univers » au rythme de laquelle nous dansons tous, même si nous ne nous en rendons pas nécessairement compte. Nous faisons tous partie de la mythologie ; c’est une manifestation naturelle de l’expérience humaine.
S’il est vrai que la mythologie imprégnait plusieurs facettes du quotidien des anciennes civilisations et cultures, est-elle toujours présente dans les rouages de la société moderne ? Le monde change à une vitesse étonnante, et l’innovation technologique est sans répit. Face à ces changements, l’Homme peut-il encore danser ? La mythologie est-elle en voie de devenir taboue dans notre société moderne, ou l’est-elle déjà ?
« La mythologie est un puits de réponses, de la même façon que la religion ou la science le sont » rapporte Whiteside, étudiant à McGill et à Concordia. « En même temps, du point de vue de la mythologie en tant qu’histoires, je pense que c’est une manière valide d’y penser et de divorcer avec l’abstrait de la réalité. » À McGill, Whiteside passe ses heures d’études à traduire des œuvres grecques et latines. Il explique également que la mythologie est une source d’inspiration pour ses gravures.
« Je ne crois pas personnellement que les réponses apportées par la technologie entrent en contradiction avec celles issues du monde mythologique » explique Margaret Palczynski, professeur d’études classiques à McGill, dans une entrevue électronique. « Le mythe est une (it)expression naturelle(it) de notre humanité, tandis que la technologie est une conséquence naturelle de notre (it)capacité(it) humaine. Cette première contribue de plusieurs façons à la création, la préservation et la dispersion des mythes, anciens et modernes. » Depuis 15 ans, Madame Palczynski dispense le cours Introduction to Classical Mythology à des étudiants qui viennent de tous département académiques. Madame Palczynski commence maintenant à intégrer dans son cours une exploration de l’origine des mythes et de leur importance dans certaines sociétés.
« À mon avis, explique Palczynski, la mythologie est un phénomène qui nous permet non seulement de nous exprimer, de comprendre, et d’apprendre beaucoup sur la signification du fait humain à travers les âges et les sociétés. » Le professeur ajoute que la mythologie y est aussi pour nous en apprendre sur le vivre-ensemble.
De cette ère globale, des nouveaux mythes émergeront-ils, demandait Moyers en concluant l’entretien ? Campbell répond que, sans doute, si un nouveau mythe avait à naître, il aurait assurément trait à la nouvelle imperméabilité des frontières, et à l’union de toutes les nations.