L’amertume des étudiants face à l’utilité de l’assemblée générale ne date pas d’hier. “Je ne suis pas sûr de ce que l’Assemblée peut donner, je ne peux pas toucher à la constitution, je ne peux licencier personne et je ne peux pas toucher aux finances,” sont les premiers mots qui apparaissent en haut du document des résultats des Assemblées de 2000 à 2009.
Parle-t-on d’apathie en général ou d’un sentiment d’impuissance partagé par tous les étudiants ? N’ayant pas de liens avec valeurs anglo-saxonnes, les AG sont chose courante au Québec. Comment font les UQÀMiens ? Est-ce dans leur sang, tout comme les français, de faire grève, porter le carré rouge et pousser des gueulantes ?
Heureusement, l’assemblée d’hiver était inclusive d’une question qui permettait aux animosités étudiantes de s’épanouir dans la tribune. Entre les lignes de la motion sur la création d’un comité de responsabilité sociale d’entreprise, la vraie question débattue était de savoir si les entreprises pro-israéliennes seraient admises. Cet automne, une question a provoqué le rire (jaune) de la petite centaine présente : « La prochaine fois, pourrons-nous nous assurer d’inclure une question sur le Moyen Orient pour ne pas avoir à s’inquiéter du quorum ? ».
Cet automne, les résolutions-blagues se prétendaient le nouveau moyen de pression devant la sourde-oreille de l’administration. Il est clair qu’une recrudescence des moyens dits « de protestation » sur le campus contraste avec les centaines de chaises vides à l’Assemblée Générale. L’auteur de la résolution à l’origine de l’apellation « SSTEIRBBPPUSAMC », devant remplacer « AÉUM » dans toutes les communications, a menacé Le Délit d’humiliation publique dans leur list-serve, si le journal n’utilisait pas l’acronyme. Et ce, bien que l’association étudiante n’ait toujours pas commandé la traduction de son nouveau nom. Il semble aussi y avoir certaines tensions au sein de l’association elle même, comme en témoigne un membre proche du SSTEIRBBPPUSAMC, qui maintient que ces motions dérisoires contribuent à discréditer l’AG.
Eli Freedman se dit déçu d’avoir présenté une résolution –et qu’elle soit passée–, mais que l’association étudiante n’ait pas agit en conséquence par la suite traduit un manque de responsabilité face au vote étudiant. Il pense que si les étudiants s’intéressaient vraiment à la politique étudiante, il n’aurait pas eu besoin de présenter cette motion. Comment combattre l’apathie étudiante ? Il « aimerait connaître la réponse » et va tenter de le faire en présentant, avec le sénateur Tyler Lawson, « une motion qui va décider ou non si nous devrions tenter de battre le record Guinness du plus gros Samosa, la collation étudiante par excellence ! Peut-être que cette blague permettra à l’effort de protestation de se réaliser ». Il semble pourtant permis de douter du lien entre un record de nourriture géante et le manque d’engagement généralisé.
Sur un autre front, les étudiants qui ne profitent pas d’un « statut politique » essaient de se mobiliser à l’exemple de Mai 68. Jeremy Bunyaner pense que l’AG est un bon moyen d’expression mais que l’ordre du jour semble de plus en plus exclusif aux affaires de l’AÉUM. Il fait partie du mouvement étudiant Mobilization McGill et relate des difficultés encourues par ce groupe. Il est assez délicat de déterminer les sphères de mécontentement des étudiants de McGill, « parce qu’il est difficile pour la plupart des gens de voir grand. Certaines personnes pensent que nous nous concentrons trop sur la fermeture du Café, mais quand nous essayons de rallier les gens autour de plus vastes problèmes, on nous demande comment cela aidera le Architecture Café. » À son avis, l’apathie est effectivement un phénomène mcgillois. Quand Mobilization Mcgill est allé à Concordia par solidarité pour leurs confrères protestataires, ils ont senti beaucoup plus d’«activisme énergétique qu’à McGill ». Jeremy pense que c’est à cause de la charge de travail et de la compétition académique constamment ressentie par les étudiants de McGill.
Quelle que soit la source du manque d’engagement sur notre campus, il semble urgent de remédier à ce mal par sa propre solution ; comme beaucoup le murmurent dans les couloirs des quartiers généraux du SSTEIRBBPPUSAMC, il est temps de débattre ouvertement et d’arriver à un consensus sur la pertinence de l’AG, pour que le malaise s’évapore.
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