Des paillettes et des plumes, du champagne et des bulles, constituent l’ambiance de Tournée, le quatrième long métrage de Mathieu Amalric. Le film raconte les dessous d’un spectacle de striptease burlesque orchestré par Joaquim Zand (Mathieu Amalric), avec sa troupe de danseuses voluptueuses venues des États-Unis. Le cinéaste nous transporte au cœur de la France en un éclair de génie : un spectacle hors du commun mettant en vedette des femmes aux cambrures capiteuses et sans tabous. Zand veut reconquérir la France qu’il a laissée pour se ressourcer et oublier son passé. Son spectacle n’a rien à voir avec Broadway ou encore les comédies musicales pour enfants ; au programme de ce spectacle éblouissant et enivrant, c’est plutôt charme et coquetterie, légèreté et audace.
Mathieu Amalric livre une performance où la discipline artistique domine. Son personnage tourmenté baigne dans la mélancolie, mais les élans de joie ne se font pourtant pas rares. Il s’est donc servi de la complexité de la vie pour interpréter un Joaquim Zand au bord de la crise de nerfs. La tension est palpable tandis qu’Amalric ressuscite avec succès un personnage qui semble avoir tout raté.
Les cinq stripteaseuses américaines, dirigées par l’acteur et réalisateur, ont créé ce spectacle qui nous est présenté avec originalité et sensualité. Le jeu est naturel et la sincérité qui s’en dégage donne un poids considérable au film.
Le réalisateur sait aussi capter l’attention du spectateur en jouant avec les lumières et la musique. On se croirait à l’époque du charleston. Tournée évoque aussi la force des femmes dont les corps en mouvement se jouent des conventions et du conservatisme étouffant.
Striptease oblige, la nudité fait partie intégrante du film sans jamais choquer pour autant. Le respect de la nature des corps voluptueux, musclés et gras est total. Les danseuses dégagent une joie de vivre à travers les mouvements de leur corps, et ce sans aucun complexe. C’est la célébration pure et simple des formes et des tailles.
Ce qui se passe derrière les rideaux est tout aussi ntéressant. La colère qui est explorée avec profondeur dans le film rappelle que cette tournée devra rester périphérique, loin des lumières de Paris. Joaquim Zand ne réussit pas à se faire connaître avec sa troupe haute en couleurs dans la capitale. S’en dégage une frustration rageante qui finit par se dissiper dans l’ivresse de l’instant présent.
Amoureux de son propre métier, Joaquim essaye d’atteindre le nirvana en contemplant ces femmes qui l’ont suivi dans une folle aventure alors, même loin de Paris, the show must go on.