Dans La danse, le documentariste Frederick Wiseman ouvre les portes du ballet de l’Opéra de Paris. Toutes les facettes de cet univers sont explorées : la caméra s’immisce dans les salles de répétition et le soir des représentations, bien sûr, mais aussi dans les coulisses, les couloirs vides, la cafétéria et sur le toit de l’immense institution (où l’on fait de l’apiculture). La confection des costumes et des accessoires, les discussions pour déterminer la prochaine programmation, les galas et les rencontres bureaucratiques avec les ballerines et les donateurs, ainsi que la relation hiérarchique et sévère entre les danseurs et leurs professeurs sont exposés. De même, tous les visages sont éclairés, ceux des ballerines, des chorégraphes, du personnel administratif, des accessoiristes, jusqu’au concierge et autres membres du personnel d’entretien. |
Frederick Wiseman s’introduit discrètement dans le monde plus que jamais onirique du ballet, qui se construit lentement, à chaque mot, chaque image, chaque pas. Méticuleusement, le cinéaste permet aux néophytes de comprendre les mécanismes et relations qui régissent cet univers. Tout l’envers, le caché, l’invisible préalable aux spectacles de ballet est soigneusement révélé. Aucun ajout de texte après montage, le documentaire La danse ne présente que le ballet tel qu’il est. Les mots de Cocteau, cités par un professeur à une ballerine pour qu’elle évite d’intellectualiser son personnage, tout en communiquant néanmoins ses émotions au public, ont une résonnance pour ce documentaire de Wiseman : « C’est au public d’expliquer quelque fois ».
La danse, une œuvre d’art à voir absolument.