Les vingt minutes du documentaire sont divisées entre des extraits de l’entretien entre la réalisatrice Roberta Torre et Pino Pelosi et des séquences dans lesquelles les vêtements que portaient Pasolini, Pelosi et d’autres objets récupérés sur la scène de crime sont soigneusement étalés sur une table. Les propos de Pino Pelosi perturbent parce qu’ils remettent en question cet épisode et la sécurité en Italie, du moins à l’époque. Pelosi, qui avait une relation avec le cinéaste, répond qu’il ne sait pas si Pasolini a été assassiné pour ses convictions politiques ou son homosexualité.
Aucun froufrou esthétique, Pelosi est simplement assis dans un couloir. C’est sur ses paroles que Roberta Torre veut attirer l’attention. Et avec raison, puisqu’elles contiennent une certaine poésie. Ainsi, après avoir regardé quelques photos du cadavre de Pasolini, les larmes aux yeux, Pelosi raconte que le cinéaste ressemble au Christ. Plus tard, il compare sa relation éphémère à la Cène, le dernier repas que Jésus-Christ prit avec les douze apôtres. Il explique également n’avoir jamais désiré faire la lumière sur cette nuit, suite à des menaces sur sa vie ainsi que celle des membres de sa famille. On lui avait même assuré que s’il agissait dans les règles, il sortirait plus rapidement de prison. Ses paroles et ses émotions semblent sincères si ce n’était pour cette image qui fond au noir : le visage de Pelosi orné d’un grand sourire. Est-ce le sourire du diable ou celui d’un homme dont le poids d’un lourd secret est maintenant enlevé de ses épaules ?