Dans le drame historique The King’s Speech, Colin Firth incarne le roi George VI qui doit corriger son bégaiement afin de rassembler l’empire Britannique à l’aube de la Seconde Guerre mondiale.
Dès la scène d’ouverture, qui se déroule en 1925 au Wembley Stadium lors de la British Empire Exhibition, le spectateur éprouve de la pitié envers le Duc de York (Colin Firth). Devant une foule immense, le futur roi demeure silencieux, incapable de prononcer un mot. Il souffre d’un handicap depuis l’enfance, et malgré maintes thérapies, maintes cigarettes et maintes billes dans la bouche, le Duc doit composer avec cet obstacle. Pendant ce temps, la Duchesse de York, future Reine Élizabeth (Helena Bonham Carter), poursuit ses recherches afin de trouver un orthophoniste capable d’aider son mari. Suite à des recommandations, elle trouve dans un quartier malfamé de Londres un Australien aux méthodes controversées, l’orthophoniste Lionel Logue (Geoffrey Rush).
Bientôt, une relation bien particulière s’établit entre le futur monarque et Lionel. Incapable de respecter le protocole ou de s’abstenir de poser des questions embarrassantes, l’Australien met à rude épreuve le tempérament bouillant et impatient du Duc. Ainsi, Lionel insiste pour que le Duc l’appelle par son prénom, et au lieu de s’adresser à His Royal Highness, il l’appelle tout simplement Bertie. Peu à peu, grâce à des exercices de chant et des répétitions de juron, George VI parvient à surmonter son handicap en faisant preuve de courage et de détermination.
Le jeu de Colin Firth, sacré meilleur acteur lors de la cérémonie des Golden Globes pour son rôle de George VI, est prodigieux. Non seulement l’acteur maîtrise-t-il l’aspect technique et mécanique du bégaiement du monarque, mais il transmet en plus à merveille l’incidence psychologique de ce malaise sur sa personnalité. Même verdict quant à la performance de Geoffrey Rush, qui incarne avec brio l’Australien au tempérament peu commun. Finalement, même si le rôle d’Helena Bonham Carter est relégué au second plan, il faut tout de même souligner sa performance mémorable et ses commentaires distingués. De surcroît, l’humour anglais, subtil et incisif, aide à rythmer le film, qui autrement aurait pu devenir lourd.
La photographie est également remarquable. La caméra rend bien la morosité et le brouillard Londonien, ainsi que la richesse des décors et des costumes. Le spectateur appréciera cette œuvre surtout pour l’excellent amalgame entre histoire et Histoire. D’un côté, on en apprend davantage sur George VI, sur ses relations avec les membres de sa famille et sur son amitié avec cet humble Australien. De l’autre, on comprend mieux les circonstances qui ont porté George VI au pouvoir, soit l’abdication d’Edward VIII, son frère aîné, ainsi que la crise constitutionnelle qui a entouré l’affaire.
On est également témoin de la montée du nazisme en Allemagne et des dynamiques au sein de la politique britannique de l’époque qui ont mené le pays en guerre. Cette dualité disparaît lorsque, à la fin du film, la tension atteint son paroxysme. Le roi doit adresser un discours à la nation, diffusé par la BBC dans tout l’empire. La similarité entre le discours original de George VI et la performance de Colin Firth est frappante. Accompagnée de la 7e symphonie de Beethoven, la prononciation du discours est une scène magistrale. À l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, le roi peut enfin faire entendre sa voix afin d’unir la nation.
Un épisode passionnant de la monarchie britannique dans ce chef‑d’œuvre du septième art.