L’énergie, tout le monde en a besoin, et ce besoin semble augmenter sans cesse. Avec le soleil qui plombe et le vent qui souffle, je me dis que l’humain se complique les choses en trouvant son énergie aussi loin dans le sol. C’est connu, au dernier siècle avant notre ère, les premiers moulins à vent étaient déjà en marche. Aujourd’hui, cette énergie renouvelable est considérée dispendieuse, ce qui ne semblait pas être le cas à l’époque.
Cette technologie est applicable, existe et fonctionne déjà. 7% de l’énergie allemande est d’origine éolienne : c’est un petit pourcentage et pourtant, l’Allemagne est leader mondial, avec une production éolienne de près de 26 000 MW. Au Québec, l’éolien représente 600 MW, soit 1.4% de l’énergie produite, autant que le gaz naturel Cependant, petit à petit, on fait quand même des progrès. D’ici 2015, l’éolien produira 4 000 MW.
Et le gaz naturel, lui ? Les paris sont ouverts, surtout avec la filière des gaz de schiste. Seul l’avenir nous dira si le progrès est réel.
Le gaz de schiste est un type de gaz naturel non conventionnel, c’est-à-dire qu’au lieu de former une poche dans le sol où le gaz est concentré et facile à extraire, il est plutôt emprisonné sous forme de petits bulles sur des kilomètres. La roche de schiste, très peu perméable, doit être fracturée afin que les bulles de gaz soient libérées. Ce processus de fracturation est très controversé, puisqu’il nécessite des millions de litres d’eau et un mélange de plus de 596 produits toxiques. De plus, le tout entraîne un risque de contamination des nappes d’eau souterraine. En effet, si certaines fissures se créent au mauvais endroit, elles libèrent leur gaz directement dans l’eau.
Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) produit actuellement un rapport contenant des recommandations pour l’exploitation sécuritaire et respectueuse de l’environnement. Selon moi, la question ne devrait pas être « Comment le faire ? » mais d’abord « Avons-nous besoin de le faire ? ». Certains vantent le sous-sol québécois entre Montréal et Québec, étant soi-disant un océan de gaz naturel, la prochaine Arabie Saoudite, mais plus propre. Propre ? La combustion du gaz naturel émet moins de gaz à effet de serre que la combustion du pétrole. L’éolien lui, en émet combien ? Nada, niet, rien. « Énergie fossile » ne rimera jamais avec « propre ».
Si l’on considère le transport en camion nécessaire et le processus de fabrication des turbines, l’éolien produit un peu de gaz à effet de serre, c’est certain. Par contre, lorsqu’on mentionne que le gaz naturel est propre, est-ce qu’on mentionne les émissions causées par les génératrices qui pompent le gaz, et l’eau de fracturation dans le puits ? Parle-t-on des milliers de transport en camions-citernes qu’un seul puits requiert pour déplacer les millions de litres d’eau nécessaires au processus, les centaines de litres de produits chimiques utilisés, l’équipement indispensable et les millions de litre d’eau contaminée ? Je n’appelle pas « propre » une industrie gazière qui a le potentiel de contaminer la vallée du Saint-Laurent. Selon le gouvernement, il serait possible de creuser 300 nouveaux puits par année dans les provinces à partir de 2015, créant ainsi 7 500 nouveaux emplois. Si vous le voulez bien, nous créerons plutôt des emplois grâce au développement d’une nouvelle industrie de production d’énergie éolienne.
Finalement, je crois que le vrai problème réside dans le fait que nous possédons des habitudes de consommation d’énergie grandissantes et démesurées. Notre climat ne fait que s’en désoler. Le sénateur Grant Mitchell ne semble pas partager mon avis. En 2004, les émissions de gaz à effet de serre au Canada avaient déjà atteint 758 millions de tonnes par année. Ceci nous situe à presque 30% au dessus des résultats de 1990. Le Canada a pourtant ratifié le protocole de Kyoto, s’engageant d’ici 2012 à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 6% par rapport aux 599 millions de tonnes que le pays produisait en 1990. C’est bien, on est sur la bonne voix : cette année, les émissions canadiennes ont atteints 828 millions de tonnes… M. Mitchell indique fièrement que c’est le résultat d’une économie canadienne florissante, de plus en plus prospère, et que les choses devraient rester telles quelles. Nous nous approchons du précipice : il est impossible de conserver une économie prospère en détruisant de telle façon le climat et les ressources naturelles. Au final, les sommes à payer seront astronomiques. Je suis curieuse de savoir à combien on estimerait la décontamination du fleuve Saint-Laurent, et un système de santé prenant en charge une population entière qui subirait les conséquences de cette contamination au gaz de schiste. Soyons donc conscient de l’égoïsme de nos choix. Préférons-nous consommer davantage que de nous assurer un avenir heureux ? Nous n’avons qu’à réajuster le tir ; les éoliennes suffiront à nous fournir l’énergie nécessaire sans avoir besoin de vandaliser notre sous-sol québécois, et nous pourrons espérez rencontrer un jour les objectifs de Kyoto.