Cette semaine, j’aimerais exposer plus longuement mes attentes par rapport à la Presse Universitaire Canadienne (PUC).
La proposition que rappelle Anaïs Elboujdaïni (publiée en commentaire sur notre site) « de scinder les deux organisations CUP-PUC à la manière des deux chaînes d’informations nationales, Radio-Canada et CBC » mérite réflexion, mais ce n’est pas parce que le nom officiel inclut désormais « Presse Universitaire Canadienne » que cela distribue équitablement les pouvoirs. La PUC serait-elle toujours considérée comme une région sous la jurisprudence de la CUP ?
Quant au quart des frais à payer à partir de septembre prochain (du montant de trial member, je n’avais pas été claire sur ce point), changeront-ils notre statut présent et notre pouvoir ? La constitution de la CUP stipule que “trial membre do not have voting right”. On m’avait déjà affirmé qu’il était inutile de m’inquiéter, que les journaux francophones étaient considérés comme des full-membres, mais permettez-moi de douter de cette bonne volonté, du moins dans la pratique. Cartons de vote manquant à la semi-plénière, absence de onze journaux francophones (sur quatorze) du système électronique permettant la soumission de propositions à la plénière, les exemples ne manquent pas. On me répond que c’est parce que notre statut « n’est pas clair ». Il serait essentiel de décider alors de notre statut réel et de nos pouvoirs et que ce soit écrit noir sur blanc avant que toute discussion soit entamée.
Enfin, attaquons le plan des finances directement. Où va notre argent ? À l’heure actuelle, aucun des services ne semblent nécessiter un apport monétaire de la part des journaux francophones. Le fil de presse peut être supporté gratuitement par des programmes tel Publish2. En ce qui concerne les services judiciaires, l’avocat actuel de la CUP ne connaît ni la loi québécoise ni le droit civil et, de surcroît, ne parle pas français. De plus, Le Délit, et peut-être d’autres journaux, ont leur propre avocat. Les récompenses journalistiques offertes par la CUP-PUC ne devraient pas sortir de nos poches puisque la CUP trouve habituellement des organisations qui veulent bien la commanditer. De plus, la création d’un poste à temps plein pour la PUC est conditionnée par une bourse pour laquelle la PUC applique en septembre.
Bien que la volonté ne manque pas, il reste encore du chemin à faire. Le débat reste ouvert.
Réactions à l’éditorial du 18 janvier 2011.
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Erin Cauchi : « Unissons nos forces »
J’aimerais commencer en remerciant Le Délit de leur éditorial du 18 janvier dernier. Il s’agissait de la première fois où un journal étudiant francophone écrivait sur la Presse Universitaire Canadienne. En tant que journaliste, j’apprécie le regard critique que vous avez porté sur notre conférence nationale, qui était d’ailleurs présentée par Le Délit et le McGill Daily. Je trouve encourageant de constater que la communauté journalistique francophone s’implique activement au sein de notre organisation.
Plusieurs points de cet éditorial, toutefois, mériteraient qu’on s’y attarde davantage, et j’aimerais aujourd’hui apporter mon grain de sel. Mon point de vue est celui d’une anglophone qui se bat pour la promotion du bilinguisme au sein de l’organisation depuis maintenant trois ans. Cette année, durant laquelle j’ai occupé le poste de présidente, a été la première durant laquelle j’ai véritablement eu le pouvoir de faire changer les choses, et je suis remarquablement fière de ce qui a été accompli dans les derniers mois.
Le principal obstacle auquel nous nous sommes heurtés depuis qu’il a été résolu, en 2004, que l’organisation devienne bilingue a été que la CUP était depuis ses débuts gérée par des anglophones. Conséquemment, ils avaient tendance à transposer leurs propres besoins et leurs propres attentes aux membres francophones. Toutefois, si nous avons appris quelque chose de l’histoire de ce pays qui est le nôtre, c’est que les barrières linguistiques sont bien souvent des barrières culturelles, et que leur impact se situe bien au-delà des mots. Je ne chercherai pas à excuser les échecs qu’a essuyés notre organisation dans le passé quant au bilinguisme, puisque j’ai moi-même été amenée à les critiquer. C’est avec le mandat d’enfin développer le bilinguisme que j’ai été élue la 73e présidente de la CUP. À partir de ce moment, j’ai résolu de ne pas laisser les erreurs du passé limiter les progrès à venir. Au contraire, il faut apprendre de ces erreurs pour mieux avancer.
J’étais contente que vous souleviez la controverse liée à la participation de Josée Boileau à la conférence. J’étais dévastée d’être témoin des événements qui ont suivi sa présentation sur Twitter. Je veux être claire à ce sujet : notre organisation perçoit d’un très mauvais oeil toute activité diffamatoire. Nous sommes très reconnaissants de la présence de chacun des conférenciers à nos évévnements, et sommes conscient de l’effort et du travail qu’ils mettent dans leurs interventions. Comme vous l’avez mentionné, une motion a immédiatement été présentée (et acceptée) afin que les événements ne passent pas inaperçus. Cette motion nous a permis d’insister sur l’usage responsable et respectueux des médias sociaux par nos membres. Les interventions faites sur Twitter ne représentent donc nullement le point de vue de notre organisation, et sont celles de quelques délégués qui, semble-t-il, manquent de jugement et de respect.
Vous avez également souligné la présence d’erreurs typographiques et grammaticales dans certains textes remis aux délégués. Sur ce point, je l’avoue, la faute est entièrement mienne. La préparation d’un document de plus de 160 pages, à laquelle vient s’ajouter la supervision d’un équipe de plus de 30 employés et la planification de la toute première conférence bilingue de l’histoire de notre organisation, n’est pas une mince tâche. Des erreurs sont passées sous mon radar. Et pas seulement dans les textes en français, malheureusement. Je ne cherche pas à excuser les erreurs commises – en fait, c’est plutôt gênant ! – mais je vous prie de ne pas y lire un manque de volonté en ce qui concerne le bilinguime. Il ne s’agit en fait que d’une erreur de production, une réalité avec laquelle nous autres journalistes sommes bien familiers.
La conférence de cette année était la première conférence bilingue organisée par la CUP. Nous avons reçu une généreuse contribution de la part de Patrimoine Canada, qui a pu couvrir une partie des coûts liés à la traduction simultanée. Toutefois, il convient de souligner que la tenue d’un tel événement a nécessité un investissement considérable de la part de l’organisation, sans compter l’implication et la dévotion de nos employés et de nos bénévoles. Notre objectif, avec cette conférence, était d’enfin amorcer le dialogue avec les journaux francophones, et nous sommes reconnaissants qu’ils aient répondu à l’appel. Grâce à eux et à une équipe dévouée au développement de la PUC, nous disposons à présent des outils nécessaires pour aller de l’avant. La simple tenue de cet événement traduit une volonté marquée de nos membres et de nos employés d’intégrer le bilinguisme à notre institution.
Ce qui ressort plus que tout de cette conférence, à mon avis, ce sont toutes les petites victoires que nous avons pu célébrer. La première a eu lieu lors de la première soirée de la conférence, alors que Marie-Maude Denis, journaliste pour Enquête, a donné la toute première conférence d’honneur francophone, conférence qui a été traduite en traduction simultanée. Après sa présentation, une période de question s’est tenue dans les deux langues et, pour la première fois, les journalistes francophones et anglophones se sont mêlés. Ce soir-là, j’ai surpris plusieurs conversations entre des membres francophones et anglophones, certaines se déroulant en français. Pour la première fois également, des anglophones avec une bonne connaissance du français ont participé à des conférences en français. Beaucoup de chemin reste à faire, mais pour la toute première fois, nous constatons une réelle ouverture.
Durant la plénière qui a marqué la fin de la conférence, plusieurs motions qui représentent autant de pas en avant pour le bilinguisme ont été votées. L’organisation s’est ainsi officiellement dotée d’un nom bilingue : Canadian University Press – Presse Universitaire Canadienne. De plus, des événements bilingues seront encouragés et deviendront obligatoires. Nous travaillons déjà avec l’équipe de la conférence nationale de l’an prochain afin que celle-ci soit d’un véritable intérêt pour la communauté francophone. Et s’il est vrai que les membres francophones paieront dorénavant des frais d’adhésion – se donnant par le fait même les moyens de développer leurs propres services –, ces frais correspondent au douzième des frais régulier (et non pas au quart, comme vous l’avez écrit dans l’éditorial du 18 janvier). Ces frais, essentiels au bon fonctionnement de la PUC, n’augmenteront pas tant et aussi longtemps que les services ne seront pas solidement implantés.
Je suis également fière d’annoncer que le dialogue s’est véritablement amorcé entre les journaux francophones cette année, à la conférence et en dehors de celle-ci. Nous prévoyons déjà une rencontre pour le 5 mars prochain à Montréal, rencontre durant laquelle nous poursuivrons la discussion et établirons les lignes directrices du développement de la PUC. J’y serai, aux côtés de notre Directrice nationale francophone, pour participer à la réflexion. Nous espérons que les journaux francophones membres et non-membres y seront aussi, afin que tout soit mis en oeuvre pour aller de l’avant. Le bilinguisme en est encore à ses premiers pas au sein de la CUP. Nous avons besoin de la participation de chacun pour avancer, et je suis heureuse de voir que tout ceci semble prendre forme.
Je ne saurais insister suffisamment sur l’importance d’unir nos forces, de partager nos idées et d’ouvrir de nouvelles portes pour la presse étudiante. C’est là la mission de la CUP depuis ses débuts, et c’est dans cette optique que nous souhaitons développer la PUC, son pendant francophone. Pour tout ceux qui voudront entretenir un dialogue avec les autres acteurs de ce milieu fascinant, qui voudront s’entraider afin de pratiquer un journalisme actif et ouvert sur le monde, la Presse Universitaire Canadienne sera là.
Erin Cauchi
Présidente, Canadian University Press/Presse Universitaire Canadienne
Veuillez noter que cette lettre n’a été ni éditée ni corrigée par nos soins, mais a été révisée par Catherine Côté-Ostiguy, directrice nationale francophone de la CUP-PUC.
William M. Burton : « Claquez la porte »
J’étais entièrement d’accord avec les propos avancés par Mai Anh Tran-Ho dans son éditorial au sujet de la Canadian University Press (CUP) (« Bilinguisme à sens unique », 18 janvier).
La CUP, même pour les journaux de langue anglaise, est anachronique. L’époque où l’on avait besoin de ses services –un fil de presse, un lobby…– est révolue, et sa seule utilité aujourd’hui est de véhiculer un sentiment d’appartenance à une communauté. Sentiment plutôt coûteux, étant donné le montant des frais d’adhésion à l’organisme.
Il me semble que ce sentiment vaut quand même quelque chose. Je me demande quelle importance les journaux francophones en-dehors du Québec –Le Front à Moncton, Le Réveil à St-Boniface, etc.– accordent à une telle institution.
Au risque d’avoir l’air d’un privilege denying dude –l’anglophone qui conseille les francophones–, je pense qu’une sorte d’institution communautaire, quelque chose qui unisse les journaux étudiants de langue française, serait un beau projet. Mais il ne faut pas que cela coûte cher –ni en argent, ni en efforts. Or, la CUP en demande trop des deux.
Je vous encourage à claquer la porte de la CUP. Le jeu n’en vaut plus la chandelle.
William M. Burton
L’auteur est l’ancien chef de pupitre « Commentary & Compendium » du McGill Daily, et était membre du conseil d’administration de la Société des publications du Daily d’octobre à décembre 2010. Les opinions exprimées ici sont uniquement celles de leur auteur.