Bill McKibben était à Montréal pour l’événement d’ouverture de la Conférence Désautels sur la gestion durable (Desautels Conference on Business and Sustainability). La huitième édition de cette conférence intitulée « Redéfinir, Recréer, Re-gérer » encourageait les participants à revoir les liens entre les entreprises et l’environnement à travers l’éco-design et la responsabilité sociale.
Bill McKibben, fondateur de 350.org, est un environnementaliste américain qui s’est donné pour mission de mobiliser la planète entière au sujet des changements climatiques. Le nombre 350 en parties par million fait référence au seuil limite de CO2 dans l’atmosphère toléré par la Terre, selon l´avis des scientifiques.
Steven Guilbeault, des États-Unis, a publié il y a plus de vingt ans l’un des premiers livres sur les changements climatiques, intitulé La fin de la Nature. Depuis, il rallie de nombreux adeptes pour créer des événements uniques rendant compte de la mobilisation sociale en faveur d’engagements pour contrer les changements climatiques.
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Bien que les discours sur les changements climatiques semblent toujours revenir aux mêmes idées de réchauffement, d’inondations, de crises alimentaires et de réfugiés climatiques, le discours de Bill McKibben se distingue par le fait qu’il insiste sur l’injustice sociale ajoutée à ce type de catastrophes. Il mentionnera par exemple que la Thaïlande s’est trouvée face à une récente épidémie de dengue, une maladie causée par les moustiques qui se reproduisent plus facilement avec le réchauffement climatique. Pourtant, ce pays asiatique est incapable de comptabiliser ses émissions de CO2, tant elles sont minimes.
Il rappelle aussi que les pays développés ne sont pas complètement à l’abri des crises alimentaires, mais redonne espoir en mentionnant le fait que l’année dernière, le nombre de fermes aux État-Unis a augmenté pour la première fois en plus de quinze ans. Cependant, il reste qu’il y a plus de détenus dans les prisons de l’Amérique du Nord que d’agriculteurs, ce qui rend compte de l’ampleur du problème.
Selon McKibben, l’une des causes des dérèglements climatiques se trouve dans le fait que nous idéalisons une société de consommation insatisfaisante. Le niveau de bonheur des Américains est en constant déclin depuis les années soixante alors que le niveau de vie a presque triplé dans ce même laps de temps.
Enfin, McKibben déplore le pouvoir de l’industrie pétrolière, même s’il admire certaines initiatives prises par des régions pétrolières comme Abu Dhabi, où l’on a créé un champ de panneaux solaires pour encourager l’utilisation d’énergies renouvelables. Malgré la rapidité des progrès technologiques, la volonté politique peine à suivre, et l’exemple du Canada est parlant à ce sujet. Le Canada est tombé en disgrâce, selon certains acteurs dans la lutte contre changements climatiques, depuis que le gouvernement Harper a décidé de montrer son appui aux industries de sables bitumineux.
À ce niveau, la mobilisation sociale est cruciale, les habitudes de consommation pouvant influencer certaines pratiques, et les mouvements de société devraient s’amplifier afin d’aligner la politique avec la volonté des citoyens. La bataille est loin d’être gagnée, et Bill McKibben est le premier à le reconnaître mais il ne baisse pas les bras.