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Another Year : La vie ordinaire des gens heureux

Au gré des saisons, Mike Leigh philosophe sur la vie dans le drame de mœurs Another Year.

Dans une banlieue de Londres, Tom (Jim Broadbent) et Gerri (Ruth Sheen) mènent une vie paisible et heureuse. Habitué aux remarques comiques sur leurs noms, le couple âgé d’une soixantaine d’années apprécie la vie et ce qu’elle a à offrir. Ils approchent de la fin de leur carrière : Tom est géologue, Gerri est psychologue. Ils passent leurs fins de semaines à s’occuper d’un petit lopin de terre, qu’on voit évoluer au gré des saisons. Ils ont un fils, Joe (Oliver Maltman), un éternel célibataire dans la trentaine. Très occupé, il n’a pas toujours le temps de donner de ses nouvelles à ses parents.

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Ils ont aussi plusieurs amis, des âmes égarées et écorchées. Il y a Ken (Peter Wight), un bouffon alcoolique et obèse qui a déjà vu plusieurs de ses amis mourir. Il habite dans le Nord de l’Angleterre, et leur rend visite à Londres de temps en temps. Il y a aussi Mary (Lesley Manville), une collègue de travail de Gerri. Divorcée et célibataire, elle est un brin étourdie et naïve, et n’hésite pas à faire des visite impromptues à Tom et Gerri. Le jeu des acteurs est superbe. Ceci est sans doute le plus grand atout du film de Mike Leigh (Vera Drake, Happy-Go-Lucky). La complicité entre Broadbent et Sheen est étonnante. On sent la stabilité de leur couple et tout l’amour qui s’en dégage. La performance de Lesley Manville est superbe, d’autant plus qu’un tel rôle de névrosée est difficile à maîtriser, car il devient souvent un cliché ridicule. Toutefois, Another Year ne tombe pas dans l’excès. Le spectateur y croit, car ce film est pratiquement une étude anthropologique. L’authenticité des personnages et la précision des dialogues permettent une exploration naturelle de plusieurs thèmes : la solitude, l’amitié, le deuil, l’amour, la maladie, la vieillesse. On s’attache facilement aux personnages, et on s’y identifie, dans une certaine mesure.

L’histoire est construite en quatre parties : printemps, été, automne, hiver. On est témoins de naissances, de morts, de joies, de peines. Ce sont les saisons qui passent. Et le temps ne passe pas nécessairement  rapidement lorsqu’on regarde ce film. Another Year contient en effet plusieurs longueurs qui auraient facilement pu être écourtées. Un autre élément qui pourrait agacer plusieurs téléspectateurs est l’absence de véritable histoire et d’actions. On est témoin de l’évolution des personnages vis-à-vis plusieurs drames de la vie, certes, mais on doit oublier la formule « situation initiale – élément déclencheur – péripéties – dénouement – situation finale ».

L’œuvre de Mike Leigh demeure tout de même un film pas dénué de sens, qui dépeint sans fioritures et avec honnêteté le destin de personnages attachants et authentiques. Peut-être pas une œuvre au même titre que les Quatre Saisons de Vivaldi, Another Year demeure un drame de mœurs très britannique. À louer par un après-midi pluvieux, avec une tasse de thé bien chaude.


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