Inspirés par la révolution en Tunisie, des centaines de milliers de manifestants ont commencé à envahir les rues d’Égypte le 25 janvier 2011, pour protester contre la pauvreté, le chômage et la corruption. Ils ont exprimé leur mécontentement général envers le Président Hosni Moubarak qui est à la tête de l’État depuis trente ans. Le peuple égyptien veut un changement.
À ce chaos s’ajoute un débat aux États-Unis au sujet de l’attitude américaine face à ces troubles sociaux. Bien que les États-Unis aient exprimé à plusieurs reprises leur soutien aux revendications politiques des manifestants, ils n’ont pas mentionné leur souhait de voir le Président Moubarak renoncer au pouvoir. La Secrétaire d’État Hillary Clinton a déclaré que les États-Unis souhaitaient à l’Égypte des « élections libres et équitables » et qu’ils s’engageaient à travailler avec les Égyptiens qui voulaient une « vraie démocratie ».
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Cependant, pour un groupe de quatre-vingt professeurs américains, cette réponse ne suffit pas. Ces derniers ont écrit une lettre au président des États-Unis en réclamant plus d’aide pour le peuple égyptien, afin d’établir une démocratie sans Moubarak et sans son administration. Dans la lettre des professeurs, le message des manifestants est clair : « Moubarak doit démissionner de son poste et permettre aux Égyptiens d’établir un nouveau gouvernement, libre de son influence et de celle de sa famille. Il est également clair pour nous que si vous souhaitez, comme vous l’avez dit vendredi, soutenir des réformes politiques, sociales et économiques qui répondent aux aspirations du peuple égyptien, votre administration doit reconnaître publiquement que Moubarak et son équipe ne feront pas avancer les réformes voulues. »
L’opinion des professeurs devrait-elle avoir un poids politique ? Cette lettre signée par quatre-vingt professeurs des États-Unis marque-t-elle le début d’une acceptation du « printemps arabe » ? La majorité des étudiants rencontrés pensent que les professeurs devraient certainement avoir plus d’influence, ou tout du moins être écoutés. Ce sentiment est partagé par un étudiant en sciences politiques à l’Université McGill, Ben Gaches : « Leurs connaissances et leur sagesse devraient être mises au service des hommes politiques qui pourraient bénéficier de leurs propos éclairés ». Le Professeur Rex Brynen, spécialiste en politique moyen-orientale, partage le même avis. Il soutient la revendication des professeurs. Il écrit : «[Les professeurs] doivent certainement jouer un rôle en politique, tout comme n’importe quel citoyen. En effet, pour les questions de politique au Moyen Orient, il semble particulièrement approprié que les chercheurs américains qui se spécialisent dans la région expriment leurs préoccupations. »
Puisque la révolution en Tunisie a favorisé les manifestations en Égypte, la question à se poser est la suivante : quel pays sera le prochain à se révolter ? Obtiendra-t-il alors l’appui des professeurs érudits des États-Unis ou d’ailleurs dans le monde ? Seul l’avenir pourra le dire.
Pour la lettre, voir www.accuracy.org