Le 23 février dernier, le Premier ministre Jean Charest a prononcé son discours inaugural et a annoncé que son gouvernement comptait instaurer une immersion anglaise pour tous les élèves de 6e année au Québec. Il s’agit d’une décision saluée par la grande majorité des Québécois, qui comprennent la valeur ajoutée de la connaissance de la langue de Shakespeare. Même la chef du Parti Québécois, Pauline Marois ‚a admis que ce n’était pas une mauvaise idée (opinion probablement liée à sa propre maîtrise de l’anglais), sa seule réserve étant la faisabilité logistique du projet. Peu importe, il existe encore aujourd’hui d’irréductibles entêtés, de véritables ayatollahs, qui flairent dans cette réforme une menace palpable au fait français en Amérique.
Selon leurs dires, le seul projet de société dont se dote le Québec est « de se bilinguiser et avant d’apprendre notre propre histoire, notre propre langue », constituant ainsi un problème « urgent et fondamental » à régler. Bon, bon, bon, calmons-nous le pompon. Il apparaît que ces ayatollahs n’ont porté aucune attention aux autres points du discours tels le « Plan Nord » et le virage vers les véhicules électriques. Sans aucun doute, le seul projet de société qui leur semble légitime est la souveraineté du Québec, car, selon eux, depuis la Conquête, les Québécois francophones se font dire « Speak White ». Si c’était une réalité chez Eaton dans les années 1950, la situation a bien changé aujourd’hui. Ainsi, le but du programme d’immersion n’est pas d’angliciser nos jeunes, mais de leur donner les outils professionnels essentiels pour travailler dans un monde de plus en plus globalisé. De plus, la connaissance de l’anglais a des répercussions socio-économiques : selon le recensement de 2001, les revenus des francophones bilingues est 31% plus élevé que les francophones unilingues..
Toutefois, les ayatollahs s’entêtent à dire qu’il y a assez de bilingues au Québec et que c’est bien beau comme ça. Décidemment, ils n’ont rien compris. La majorité des entreprises, qu’elles soient basées à Montréal, à Québec ou en région, sont désespérément à la recherche d’employés bilingues pour combler leurs postes disponibles. Même si la vie de tous les jours au sein de la compagnie se déroule en français, ces employés devront téléphoner et rencontrer leurs clients, assister à des formations et à des conventions à l’étranger. Notre situation géographique l’oblige : nous commerçons avec le Canada anglais, et 80% de nos exportations internationales vont aux États-Unis. L’anglais est donc essentiel à la communication avec nos partenaires économiques.
La majorité des gens qui sont aujourd’hui bilingues sont des gens qui ont pu fréquenter une école qui offrait un programme d’éducation bilingue ou qui ont eu l’opportunité de voyager. Ils constituent ainsi une sorte d’«élite ». Cependant, la maîtrise de l’anglais ne devrait pas être perçue comme un simple privilège. En étendant l’éducation de la langue anglaise à tous les jeunes Québécois, le gouvernement remplit ainsi son devoir d’offrir les mêmes opportunités à tous nos jeunes.
Enfin, ils répètent ad nauseam que les élèves en difficulté seraient désavantagés par la venue de ce programme. Il faut préciser quelque chose ; en ce moment, les écoles offrant l’immersion anglophone font une sélection de leurs étudiants potentiels, car l’ensemble du programme de la 6e année est concentré en une demi-année. Quoiqu’il s’agisse d’une excellente préparation pour le secondaire, cela demeure très exigeant, même pour les élèves les plus doués. Cependant, une fois l’immersion encadrée et institutionnalisée, l’intégralité du programme primaire pourra être réajusté et redistribué, afin d’absorber l’addition de ces six mois de cours d’anglais. La grande majorité des élèves en difficulté auront ainsi les moyens de réussir. Ceci étant dit, il est vrai qu’il y aura toujours des jeunes qui vont « en arracher » à l’école. Seulement, s’il fallait retarder l’ensemble des jeunes Québécois pour satisfaire cette minorité, ce serait véritablement du nivellement par le bas, ce à quoi notre société doit dire non.