Le Mile-End a pour roi Dolan, tandis qu’Hochelaga-Maisonneuve se voit anoblir avec Peter Peter. C’est avec une voix grave et crispée, mais juste, qu’il nous ouvre grand les portes de son univers. On découvre dans son œuvre une naïveté solennelle, voire même mélancolique.
Le vocabulaire riche de ses pièces se marie avec un agencement mélodique d’instruments variés qui se complète grâce à la ligne directrice d’une voix sachant capturer notre attention. On ne chante guère, on nous raconte ! On raconte la solitude, l’éloignement, le manque, le vide ; un récit tragique de l’empêchement d’être. Bref, le Spleen !
C’est un ensemble touchant rarement entendu sur la scène musicale actuelle. C’est une chance de voir que certains artistes comme Peter Peter ne se laissent pas perdre dans les tendances populaires et restent authentiques et fidèles à leurs émotions. En fait, c’est un Daniel Bélanger contemporain davantage hésitant et romantique. Le chanteur reste fidèle à la réalité, tellement fidèle qu’il nous fait entrer sans complexe et artifice dans son quotidien qu’on se plaît à découvrir, et dévoile toute la mélancolie qui baigne ses textes. On est loin de Marie-Mai : bienvenue en zone introspective !
Aucune note n’est là par hasard et chaque mot est soigneusement choisi. L’artiste met le quotidien de l’avant par cette grande discussion sur la vie. On sent toute l’hésitation à se laisser aller ; on le regarde combattre, sans savoir quoi exactement. La musicalité de Peter Peter est franchement excellente et, tel un film hollywoodien, il la met de l’avant.
Avec Laurie, l’interprète et l’auteur s’opposent. On se croirait dans Isabelle de Jean Leloup, mais on sent Peter Peter incapable de comprendre l’émotion qu’il vit. C’est à la fois la défaite de l’amour et celle de se sentir vulnérable. Peter Peter accessoirise ses textes et ses mélodies pour raconter le quotidien d’un homme empreint de vulnérabilité, sans jamais la nommer ou l’affronter. On voyage avec lui et, comme le dit le vieux dicton « ce n’est pas la destination qui importe, mais bien le voyage pour s’y rendre ».
En écoutant Demain, c’est l’heure, on peut s’imaginer l’homme froid qui s’égare, conscient de se perdre dans sa relation. Enfin, pour éviter de souffrir, il se ferme. Il baisse ses bras, il laisse tomber et abandonne.
Dans les derniers moments de l’album s’installe une plus grande noirceur dans laquelle on sent l’homme moderne tergiverser entre liberté et amour. On écoute, on se fait raconter et on aime ! En somme, on sent finalement une espérance dans UHF et on entend vers la fin « there is a god », qui rappelle drôlement la prière de Saint-François d’Assise qui dit « là où il y a le doute, que j’amène la foi ».
Peter Peter donne ses lettres de noblesse à HoMa, et son premier album est une belle dose de réalité tragique. En outre, la signature réaliste, à travers les références continuelles à la vie quotidienne, donne à l’auditeur le loisir de se retrouver personnellement dans son œuvre. Sans renier ce qu’il est, il se montre vrai ! Peter Peter nous offre résolument un bijou textuel et mélodique.