Créé en mai 2007 pour Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, le premier volet de ce programme double est dansé sur les quatre concertos pour violon de Vivaldi. En créant une chorégraphie sur cette musique, Mauro Bigonzetti savait qu’il se frottait à l’une des œuvres les plus connues du grand public, et que la tâche d’innover ne serait pas facile. Il disait vouloir faire « jaillir les saisons intérieures de l’Homme, ses états d’âme et ses revirements ». L’objectif est sans aucun doute atteint, mais ceux qui s’attendent à voir un ballet de structure plus classique se développer au son des violons seront sans doute légèrement déçus.
Le quatrième mur brisé, le chorégraphe italien a misé sur une incursion ludique du for intérieur. La danse est traversée de pointes d’humour dirigées vers le public, par exemple lorsqu’un danseur prend une pose sur le devant de la scène, hausse les épaules lorsque la musique ne joue pas et repart vers les coulisses nonchalamment. On peut aimer ou non ces ruptures entre les mouvements, mais on ne peut dénier une certaine originalité à Mauro Bigonzetti : le corps, sous sa direction, devient un véritable instrument. Les danseurs se frappent la poitrine, claquent des doigts, applaudissent et font de grands pas furieux au rythme de la musique.
La gestuelle pousse malheureusement le mécanisme jusqu’à rendre les étreintes fausses et le propos, forcé. En groupe, en solo ou en duo, Les Quatre Saisons explore les différentes facettes et les pulsions intérieures de l’être humain. Les quatre sonnets de Vivaldi décrivent le déroulement des saisons, mais ce premier volet s’essouffle un peu à la fin du ballet.
Cantata fut originellement conçu pour le Ballet Gulbenkian en 2001, puis ajouté aux Quatre Saisons. Plus vivante et plus colorée –sans aucun doute en grande partie à cause de la présence du quatuor féminin Gruppo Musicale Assurd de l’Italie du sud–, cette chorégraphie a revitalisé ce programme double, de même que tout le public. Sur fond de musique XVIIIe et XIXe siècles, assemblée à des berceuses et à des sérénades napolitaines, le rapport entre les hommes et les femmes est scruté avec tout ce qu’il renferme de séduction, de passion et de querelle. Les émotions évoquées dans Cantata se transmettent plus aisément de la scène à la salle.
Les femmes sont vêtues de longues robes légères et ont les cheveux lâchés, les hommes, de chemises et de pantalons à bretelles ; le tableau brossé est celui du monde paysan, vif et festif. Il y a dans ce deuxième volet autant d’accolades, d’étreintes et de rejets que dans le premier. La performance des chorégraphies de groupe (certains danseurs jouent parfois le public en arrière-plan) prend ici toute son envergure, et exprime mieux la vigueur des hommes et –surtout– des femmes.
Avec une esthétique plus moderne sur les concertos pour violon de Vivaldi, et une seconde chorégraphie sur une musique plus folklorique, Les Quatre Saisons et Cantata offre un voyage divertissant au sein de l’Italie de Mauro Bigonzetti.
Les Quatre Saisons et Cantata
Où : Théâtre Maisonneuve
175 rue Sainte-Catherine Ouest
Quand : 24,25 et 26 mars
Combien : de 38$ à 97$