Après un long combat de la part de certains professeurs pour la création d’une unité dédiée à l’enseignement des techniques d’écriture, à l’image d’autres grandes universités canadiennes comme l’Université de Toronto ou la Queen’s University, un McGill Writing Centre qui se veut panuniversitaire et qui devrait rassembler toutes les ressources académiques disponibles en anglais pour les étudiants.
La création de ce centre, qui n’est pas un département, arrive à point nommé après de nombreuses années de présentations et de négociations dans les plus hautes instances de l’université. C’est il y a un an que l’annonce de la création du McGill Writing Centre sous l’égide du Centre d’éducation permanente a été faite, nous explique Sue Laver, ancienne professeure d’anglais langue seconde pour le Centre d’Enseignement du Français et de l’Anglais (CEFA) avant de devenir directrice du nouveau Centre.Ce grand changement semble être accueilli par tous avec enthousiasme. Cependant, cela a été l’occasion de refondre le CEFA et de lui enlever les cours d’anglais langue seconde pour les transférer vers le Centre nouvellement créé. Or, cette décision s’accompagne de coupures budgétaires, précise Loretta Hyrat, directrice du CEFA depuis juin 2010. En effet, outre les restrictions qui touchent tous les départements de la faculté des Arts, et malgré l’effort du doyen de la faculté pour favoriser les départements de langues, ce que l’on devra maintenant appeler Centre d’Enseignement du Français (CEF) ne pourra que pâtir de la situation qui lui est imposée. Madame Hyrat soutient que le nouveau CEF a pu « limiter les dégâts cette année », mais que la situation économique du Centre ne lui permet pas d’accepter plus d’élèves dans des classes qui atteignent déjà jusqu’à vingt-huit élèves –pour des cours de langues qui nécessitent « communication et interaction », on a vu mieux. Par ailleurs, un certain nombre de sections des cours de français langue seconde devront être supprimées.
Les conséquences vont au-delà de la simple question de l’accès à l’enseignement du français pour les anglophones et les allophones ; elle affecte aussi le programme de monitorat qui profite à quelques francophones chaque année. Ce programme, qui était à l’origine subventionné par le gouvernement fédéral, puis soutenu par le département seul, offre un emploi sur le campus à des locuteurs natifs du français, dont la fonction est d’aider les étudiants à pratiquer le français lors de sessions hebdomadaires de conversation, loin de la rigidité académique des cours. La directrice du CEF est au regret de nous informer que le département ne pourra plus offrir cette chance aux étudiants pour la session estivale.
Ces bouleversements sont l’occasion de rappeler que McGill a encore beaucoup de chemin à faire pour intégrer les étudiants internationaux au sein de la société montréalaise. Ces étudiants apprenant le français ou l’anglais au 688 rue Sherbrooke semblent avoir peine à s’intégrer hors de leur communauté linguistique. Réduire l’accès aux cours de langues ne saurait aider à la construction d’une société montréalaise et québécoise au fait de ses particularités linguistiques.