En décembre dernier, les étudiants de premier cycle employés par l’université McGill se syndiquaient. Au même moment, les assistants de recherches se sont syndicalisés au sein d’AMURE (Association of McGill University Employees), après un référendum qui leur a valu d’être certifiés par la Commission des normes du travail.
AMURE est composé de deux branches : celle des associés de recherches, majoritaires au sein du syndicat, et celle des assistants de recherches, certifiés le 20 décembre dernier. Selon le président d’AMURE, Matthew Annis, 30 à 50% des assistants de recherches auraient signé une pétition pour amorcer leur syndicalisation, et 80% d’entre eux auraient voté en faveur d’une syndicalisation lors du referendum. Pour l’instant, l’exécutif est seulement composé d’associés de recherches, mais on prévoit réserver deux sièges pour chacun des groupes, ainsi que trois autres –ceux de président, de trésorier et de secrétaire– qui seront ouverts à tous. En entrevue avec Le Délit, Jesse Gutman, assistant de recherches impliqué dans le syndicat, dit avoir eu quelques doutes au début quant à la juste représentation des assistants de recherches, par rapport aux associés qui sont plus nombreux. Il estime que « c’est un bon choix, s’ils sont solidaires ». AMURE a épousé le modèle des syndicats homologues d’autres universités de Montréal, qui rassemblent tous les employés de recherches en une seule unité.
Jesse Gutman pense que « la création de ce syndicat est une grande réussite pour le campus de l’université, qui a vécu des défaites cette année, comme la perte du Arch café et la controverse entourant Zach Newburgh ». Elle donne aux employés des recours légaux en cas de harcèlement sexuel ou d’abus salarial, par exemple, et leur offre « une représentation beaucoup plus robuste et politisée » continue Gutman. Plusieurs griefs ont déjà été déposés, la plupart concernant des résiliations de contrat de travail, a laissé savoir M. Annis, dans un courriel au Délit.
Gutman retrace l’idée originale de créer ce syndicat à la suite des grèves des TAs (Teacher’s Assistants) en 2007. À la suite de cet événement, les professeurs s’étaient retrouvés à devoir corriger la totalité de leurs copies, et certains avaient demandé à leur assistant de recherche de faire le travail à leur place, ce qui avait causé une certaine frustration chez les assistants de recherches.
Alors que les autres syndicats représentant les employés de McGill, dont AMUSE –l’organisation sœur de AMURE– ont signé un pacte de solidarité le 25 janvier dernier, M. Annis affirme avoir discuté d’une potentielle signature de pacte et reçu des réactions positives des membres de son syndicat.Autre développement en suspens : l’accord collectif à négocier avec l’université. Il y aura deux unités de négociations et deux contrats, mais chacune des branches doit encore consulter ses membres pour savoir quelle position adopter. Cela se fera jeudi prochain, le 7 avril, lors de la première assemblée générale d’AMURE. Annis estime que le principal point de désaccord concernera sûrement les salaires. Il note qu’«il n’existe aucune échelle de salaire à McGill, ni de plan de classification pour les associés et les assistants de recherches, et beaucoup de nos membres se sont plaints de ne pas avoir profité d’une augmentation de salaire depuis des années ».
Étant donné que l’université n’a fourni qu’une liste de noms des employés de recherches à AMURE, le personnel du syndicat a dû deviner leurs adresses respectives, sous le format prenom.nom@mcgill.ca, pour informer les employés de leurs droits et de la tenue de l’assemblée générale. Dans un courriel au McGill Daily, Lynne Gervais, vice-présidente associée aux ressources humaines, dit « devoir aux syndicats un rapport mensuel de leur corps syndicalisé, mais que c’est aux employés que revient la responsabilité de garder leurs coordonnées à jour ».