Les négociations entamées en novembre et relancées fin août après une trêve estivale n’ont toujours rien donné. Après vingt-trois rencontres entre McGill et le syndicat des employés de soutien aux étudiants, il n’y a eu aucune entente sur les principaux points de litige, soient les salaires, les avantages sociaux, le régime de retraite et les horaires. MUNACA demande notamment une échelle salariale comme celles accordées aux employés de soutien des autres universités. De plus, les employés de soutien de McGill sont simplement « consultés » par le comité des pensions et avantages sociaux et réclament donc un pouvoir décisionnel sur ces questions. Dans la foire aux questions mise à la disposition de la communauté mcgilloise, l’université dit devoir « composer avec d’importants déficits budgétaires que le ministère de l’éducation leur requiert d’éliminer » pour expliquer leur impossibilité de plier aux demandes syndicales. MUNACA fait remarquer qu’en parallèle 2,1 millions de dollars ont été dépensés pour le retrait de l’amiante et la rénovation du deuxième étage du bâtiment d’administration James. Le McGill Daily révèle que « seulement un peu plus de 190 000 dollars étaient nécessaires pour retirer l’amiante du bâtiment, selon un budget reçu par MUNACA à la suite d’une demande d’accès à l’information ».
L’université dit aussi avoir proposé une hausse salariale de 1,2% annuellement « fondée sur la politique salariale du gouvernement du Québec », en référence à l’entente négociée il y a un an qui fait en sorte que la hausse salariale des employés de la fonction publique soit indexée sur la croissance économique du pays. Cependant, David Leblanc, porte parole de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), dit que « au delà des augmentations annuelles prévues il y a un an ou deux, il y a du rattrapage à faire ». MUNACA demande au moins le double de l’augmentation proposée pour obtenir une augmentation d’échelon convenable alors que l’université propose de diviser l’augmentation annuelle de 1,2% pour accorder une augmentation d’échelon de 0,6%. De plus Monsieur Leblanc relate que, selon les emplois occupés, « cela prend trois à dix ans pour grimper l’échelle salariale et arriver au maximum dans les autres universités tandis qu’à McGill ça prend 30 à 35 ans ». Morton Mendelson, Premier vice-principal exécutif adjoint (études/vie étudiante), estime qu’une telle comparaison n’est valide qu’à la lumière de l’ensemble des rémunérations et avantages sociaux (congés, heures travaillées, retraites, etc.) « Quand on considère le tout, les employés de McGill ont un traitement comparable. »Le 24 août, les membres de MUNACA ont voté à grande majorité (88%) pour mandater leur syndicat à la grève. Après deux jours de négociations ultimatum la semaine dernière, 75 à 80% des 1700 employés affiliés à MUNACA se sont présentés aux lignes de piquetage le jeudi 1er septembre, juste à temps pour la rentrée des classes. Comme aucun des emplois universitaires n’est touché par la loi sur les services essentiels, ils se sont organisés en grand nombre, à raison de quart de travail de 4 heures, pour être présents devant toutes les grandes entrées de l’université de 8h à 17h.
La grève, qui affecte une partie des services administratifs offerts aux étudiants, continuera cette semaine. L’AFPC et MUNACA ont fait jeudi dernier la demande auprès du Ministère du Travail du Québec de l’intervention d’un tiers dans le processus de négociation. Le jeudi 8 a été fixé comme date de conciliation. David Leblanc, porte-parole de l’AFPC a appris tard dans la soirée du 1er septembre, que McGill avait accepté de se présenter en conciliation. La grève se terminera seulement lors d’une entente de principe. Monsieur Leblanc remarque que les deux premiers jours de grève se sont très bien passés, que “tout le monde est bien motivé”.
Un certain nombre d’étudiants et employés académiques sont solidaires à la cause de MUNACA. Certains professeurs ont relocalisé leur cours à l’extérieur des lignes de piquetage jusqu’à la fin de la grève. « Les cours seront assurés » assure Morton Mendelson. « Si certains professeurs refusent de faire cours par solidarité avec les grévistes, demander à d’autres professeurs de les remplacer reste une option. »
Joël Pedneault, VP externe de l’AÉUM, a organisé l’effort étudiant dès le rallye du mercredi 31 août. Il note que « les étudiants étaient très inquiets des mesures prises par l’université ». Il constate : « Il y avait du monde d’autres campus, notamment de l’UQAM ».
Monsieur Mendelson déplore l’initiative, selon lui avortée, de certains étudiants ayant incité au déclassement des livres de la bibliothèque. Il confirme que les membres de l’administration ont reçu un certain nombre de courriels de la part d’étudiants solidaires des grévistes.