Au Théâtre Rialto, la foule était une vraie mosaïque de jeunes, de moins jeunes, de Québécois, de Français, d’anglophones et de petits bourgeois. Elle était unie par le même délire de voir apparaitre The Wolf (et les Last Assassins, peut-être) sur scène au courant de la soirée.
Les premières parties étaient assurées par Hôtel Morphée, qui sont excellents malgré un certain manque de communication avec le public, et Beaver, un artiste folk qui a réussi à conquérir le public par ses chansons franches et son look atypique.
À 22 heures 45, Jean Welltipper, feu Leloup, coiffé de son habituel chapeau indescriptible, ainsi que Mathieu Leclerc et Virginia Tangvald, formant le trio des Last Assassins, ont fait apparition pour endiabler la foule déjà fébrile. Entamant le plat de résistance avec un titre de leur dernier album, le groupe a poursuivi avec un enchainement éclectique et parfois énervant de morceaux de Leloup et de nouvelles pistes inédites provenant de sa nouvelle alliance. Nous avons donc eu droit à des rares moments de nostalgie explosive pendant L’Amour est sans pitié et La Vie est laide, ainsi que des espaces de latences quand une piste chantée par ses deux acolytes survenait.
Puisqu’il s’agissait du lancement de son nouveau projet, il fallait s’attendre à ce que certains morceaux n’aient jamais été entendus, mais les quelques centaines de fans présents ce soir là étaient venus avec le désir coupable de l’entendre jouer ses vieux succès (1990, I lost my baby, Isabelle, etc.) qui ont brillé par leur absence.
Comme on a pu le comprendre à son sourire béat pendant ses solos de guitare, les Last Assassins est un projet qui permet à The Wolf de mieux jouer de la corde et de moins chanter. De tendance plus soft, plus électrique et moins personnelle, The Last Assassins est un groupe de rock anglophone dans lequel Jean Leloup n’est pas indispensable, qui s’écoute bien en soupant, mais qui ne suscite pas le coup de foudre. C’est l’un des nombreux projets de l’artiste, dans lequel il a l’air de s’éclater auprès de ses anciens choristes charismatiques, et c’est un bonheur qui lui sied très bien.
Malgré quelques épisodes confus comme Leloup sait si bien les faire, les artistes ont été d’une grande générosité (deux heures sur scène), et l’intimité de la salle a rajouté énormément au sentiment de fusion avec le public. Il est difficile de croire que tous ses fans vont le suivre dans ce projet qui s’écarte de ce qu’il offre d’ordinaire, mais les mélomanes seront ravis d’avoir de nouveaux musiciens talentueux à se mettre sous la dent, jusqu’à ce qu’il change encore d’idée.
Avant de nous laisser partir, un Jean Leloup humble –et non Welltipper– est apparu pour le rappel armé d’une guitare acoustique pour interpréter un poignant Recommencer, qui a su laisser un arrière-goût convaincant. Ainsi, même si vous ne comptez pas acheter le nouvel album des Last Assassins, attendez patiemment sa nouvelle lubie.